La marque française Balenciaga a dévoilé, en collaboration avec l’entreprise de jeux vidéo Quantic Dream, un nouveau film de campagne illustrant, s’il était encore nécessaire, l’appétence de son directeur artistique Demna Gvasalia pour les récits dystopiques. La preuve en images.

Par Ludmilla Intravaia

A peine la maison Balenciaga a-t-elle dévoilé la vidéo de son défilé printemps 2022 faisant appel à la technique de trucage multimédia deepfake (plus d’infos dans cet article du Boudoir Numérique), voilà que la griffe française présente une nouvelle campagne de promotion, celle de sa collection automne 2021, désormais en vente dans ses magasins.

Film de campagne de la collection Fall 21 de Balenciaga, dévoilé le 25 juin 2021 par la marque française (© Balenciaga)

Une campagne, réalisée avec le concours de l’entreprise française de développement de jeux vidéo Quantic Dream, pour laquelle l’attitude des acteurs a été immortalisé par motion capture, une technique de capture de mouvement, utilisée notamment dans le cinéma et le jeu vidéo pour enregistrer les déplacements d’objets et d’êtres vivants, afin de les restituer visuellement à l’écran. Découvrez le résultat de cette collaboration de Balenciaga avec le monde du gaming, dans la vidéo ci-dessous.

Parka technique à patches Space de la Nasa, veste en fausse fourrure jaune canari, hoodie avec tâches de peinture allover et autre pull à col rond destroyed à mailles déchirées… , si le film met amplement en valeur les vêtements de la collection Fall 21, par ailleurs déjà présentée dans le jeu vidéo Afterworld: The Age of Tomorrow, en décembre dernier (plus d’infos dans cet article du Boudoir Numérique), tel n’est son pas seul intérêt.

Balenciaga fall 2021 campaign boudoir numérique 8.jpg — Film de campagne de la collection Fall 21 de Balenciaga, dévoilé le 25 juin 2021 par la marque française (© Balenciaga)

Les sources d’inspiration auxquelles s’abreuve le film de Balenciaga s’avèrent également une grille de décryptage éclairante pour plonger dans l’univers imaginaire de directeur artistique de la marque, un Demna Gvasalia manifestement très friand de récits dystopiques.

Ainsi, les foules uniformes de l’intro du film de Balenciaga font furieusement penser à la relève des travailleurs harassés de l’opus Metropolis de Fritz Lang. L’influence de ce film dénonçant l’oppression de la classe ouvrière par une élite dirigeante privilégiée, ne se dément pas dans la culture populaire depuis 1927, date de sa sortie.

Le regard échangé entre les deux protagonistes du film de Balenciaga fait écho à celui partagé par Winston Smith (John Hurt) et O’Brien (Richard Burton), dans la scène des deux minutes de la haine du film 1984.

Ce long métrage de Michael Radford, sorti en 1984, est tiré du roman homonyme de George Orwell, décrivant une société totalitariste inspirée du stalinisme et du nazisme.

Le personnage masculin du film semble (presque) aussi perdu à son arrivée dans le monde virtuel de Balenciaga que Keanu Reeves, alias Neo dans l’opus The Matrix en 1999.

Signée des sœurs Wachowski, la trilogie Matrix dépeint l’asservissement des êtres humains par les machines, par le biais d’une simulation virtuelle, la Matrice.

Enfin, la réunion des deux tourtereaux de Balenciaga, sous un sakura en fleurs, vous fait-elle penser à une scène immortelle du cinéma?

Pour Le Boudoir Numérique, elle louche inévitablement vers la rencontre de Winston Smith et de Julia (Suzanna Hamilton) dans la verdoyante campagne anglaise de 1984.

L’utilisation cynique des chefs-d’œuvre de l’histoire du cinéma et de la littérature pour vendre les produits de notre société capitaliste sous le joug d’un consumérisme outrancier n’est pas nouvelle. Le spot 1984 d’Apple n’est-il pas célébré dans les écoles de commerce du monde entier comme la meilleure pub de tous les temps ?