Mycélium, kombucha, algue, liège, pomme, ananas… Découvrez les nouveaux matériaux que nous porterons demain, dans l’expo sur l’avenir de la mode du musée de Bourgoin-Jallieu, en Isère.
Par Ludmilla Intravaia
Le Boudoir Numérique vous fait visiter l’exposition Mode au futur, fruit du partenariat du musée sur l’histoire du textile de Bourgoin-Jallieu, en Isère, avec la styliste autrichienne Anna-Barbara Aumüller qui illustre, foultitude d’exemples à l’appui, la richesse des techniques de pointe et des recherches d’avant-garde, au service de l’évolution de la mode. Suivez le guide !
Impression 3D biologique
Cette robe en soie, embellie de feuilles d’or par le doreur parisien Atelier Thiery, a été créée en utilisant une technique brevetée par la société Sericyne permettant la fabrication d’une soie naturelle non tissée, directement par les vers à soie. Dans la manufacture de l’entreprise française, située dans les Cévennes, les vers à soie sont placés sur des supports en deux ou trois dimensions, sur lesquels ils filent leur soie. La soie est récoltée sur les supports, une fois ces derniers recouverts. Les vers ne fabriquent donc pas de cocon mais reproduisent les formes des moules sur lesquels ils sont disposés, générant ainsi des surfaces en 2D ou des objets en 3D. Outre son site en Occitanie comprenant des champs de mûriers, un bâtiment d’élevage des vers à soie et un atelier de production de soie, l’entreprise Sericyne est installée sur le campus de startups parisien Station F pour ses activités de commerce et de communication.
Egalement présentée dans l’exposition, cette robe bicolore en soie Ahimsa, une soie obtenue, non pas, selon la méthode traditionnelle, à partir de cocons de vers à soie étuvés puis bouillis mais à base de cocons ne contenant plus de vers à soie.
Liège travaillé comme du textile
Ce manteau oversize est réalisé avec du liège commercialisé par l’entreprise portugaise Sedacor qui, depuis 1924, se spécialise dans la production durable de ce matériau développé à partir de l’écorce du chène-liège, cultivé de manière raisonnée, dans des forêts du Portugal. Non cassant et assez souple pour être utilisé comme du textile, le liège du manteau est imprimé de motifs, tandis que les empiècements et la parmenture du vêtement sont composés de bois flexible. Ce type de liège innovant devrait avoir, à l’avenir, un rôle à jouer comme alternative aux cuirs d’origine animale, notamment les peaux exotiques prisées par la maroquinerie.
Autre alternative au cuir d’origine animale ou aux matières synthétiques, la peau de bois, comme celle développée par la designer française Chloé de la Chaise, par exemple dans cette paire de bottes de pluie en peau de bois et fibres de bois.
L’exposition met également en avant les solutions d’alter-cuirs issus de déchets alimentaires, tels que l’alter-cuir de fibres d’ananas Piñatex ou l’Apple Skin de l’entreprise italienne Frumat.
Biofabrication appliquée à la mode
La culture de matériaux avec des cellules vivantes est en plein essor dans le monde de la mode, où l’utilisation de bactéries, de levures, de champignons ou encore d’algues pour créer de nouveaux tissus et colorants fait l’objet de nombreuses recherches de la part des designers. Ainsi, la biodesigner allemande Carolyn Raff a utilisé des algues, plus exactement un gélifiant extrait d’algues, l’agar-agar, pour fabriquer des biopolymères biodégradables, qu’elle découpe en différentes formes, pour créer des fleurs décoratives, comme sur la robe-chemise ci-dessous.
Sur la photo ci-dessous, un masque en cellulose, fabriqué par fermentation de souches de kombucha. Signé par la designer Surzhana Raduaeva, il s’accompagne d’un top et d’une jupe issus de la recherche sur le mycélium de Fungus Sapiens. Cette entreprise française s’est donnée notamment comme mission de cultiver des biomatériaux compostables, susceptibles de remplacer, à terme, le plastique et le cuir animal dans la mode, démarche offrant des perspectives stimulantes pour une industrie textile plus durable et plus respectueuse de l’environnement et des êtres sensibles.
A noter que l’exposition temporaire Mode au futur s’inscrit dans la scénographie des collections permanentes du musée de Bourgoin-Jallieu consacré à l’histoire du textile dans la région Rhône-Alpes. Une occasion d’étudier les savoir-faire transmis, de génération en génération, dans ce département de l’Isère, des premiers tampons d’impression, en passant par les métiers à tisser, jusqu’aux plus récentes technologies informatiques.
Découvrez l’exposition Mode au futur dans la vidéo de présentation ci-dessous.
* L’exposition Mode au futur se déroule, jusqu’au 22 août 2021, au musée de Bourgoin-Jallieu. Plus d’infos ici.
* Le catalogue de l’exposition Mode au futur, fashion evolution de Anna-Barbara Aumüller et Gaétan Anaërlin est disponible aux éditions Modefenster AT, pour le prix de 60 euros (en vente à l’accueil du musée).
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