Cultiver les diamants en laboratoire et recycler l’or du matériel électronique pour créer des bijoux, tel est le pari du joaillier français Courbet, afin de limiter son empreinte environnementale. Explications avec Charlotte Daehn, responsable des relations publiques de Courbet, rencontrée le 30 janvier dernier à Paris, dans l’espace mode durable du sommet Change Now, dédié aux solutions pour la transition écologique.
Par Ludmilla Intravaia
Le Boudoir Numérique : Vous utilisez pour créer vos bijoux, des diamants cultivés en laboratoire, plutôt que des diamants extraits de la terre, dans des mines industrielles. Comment cultive-t-on des diamants ?
Charlotte Daehn, responsable des relations publiques chez Courbet : Deux technologies sont employées pour cultiver ces diamants aux propriétés physiques, chimiques et optiques identiques à ceux provenant des mines. La technologie HPHT (Haute Pression, Haute Température) reproduit les conditions dans lesquelles les diamants se sont formés au coeur de la terre, il y a des milliards d’années, tandis que la seconde, la technologie CVD (Chemical Vapor Deposition) imite les conditions dans lesquelles ils se forment dans l’univers. En effet, les scientifiques ont trouvé des diamants dans des météorites, ce qui démontre qu’ils ne naissaient pas nécessairement dans les entrailles de notre planète mais également dans l'espace. Avec la technologie CVD, les diamants sont créés dans une atmosphère de basse pression, à l’aide d’hydrogène à l’état de plasma. Il permet aux atomes de carbone de se cristalliser pour devenir du diamant. C’est la technologie utilisée par l’un de nos fournisseurs, le laboratoire français Diam Concept, fondé par la chercheuse au CNRS Alix Gicquel qui a consacré sa vie au diamant. Avec ces diamants made in France, conçus en région parisienne, nous venons de lancer une collection de bijoux capsule spécifique, intitulée Pont des arts.
D’un point de vue écologique, quels sont les avantages d’un diamant de culture ?
L’impact d’un diamant de culture est plus limité sur l’environnement, puisque la fabrication en laboratoire d'un diamant de 1 carat consomme environ 50 kilos de dioxyde de carbone, versus 160 kilos de CO2, pour un diamant d'extraction équivalent. Pour trouver un diamant de mine de 1 carat, on va jusqu'à extraire 250 tonnes de minerais, ce qui génère des nuages de poussières immenses et un énorme gaspillage d’énergie. Les mines industrielles engendrent la pollution des sites, la déforestation et le déplacement des animaux, sans compter les mauvaises conditions de travail humaines. Le diamant de culture permet la traçabilité et la transparence, des circuits plus courts, avec moins d'intermédiaires, ce qui est aussi un énorme atout. De même, nous employons de l’or 18 carats recyclé par l’entreprise partenaire Agosi, à partir de matériel informatique et industriel obsolète, ce qui évite, là aussi, la pollution née de l’extraction en milieu naturel, favorise la traçabilité et l’utilisation de ressources déjà existantes.
Peut-on vous définir comme un joaillier technologique ?
Nous nous voyons plutôt comme un joaillier traditionnel qui tire parti des avancées technologiques pour diminuer son empreinte écologique, pour offrir une nouvelle façon de consommer, plus sereine, en toute confiance. Si nous avons choisi de travailler, de manière disruptive, avec des diamants produits en laboratoire par des procédés de haute technologie, nous gardons une admiration infinie pour les grandes maisons de joaillerie, dont nous perpétuons les savoir-faire anciens dans la fabrication de nos bijoux. Nous incarnons une alternative positive, susceptible de répondre aux préoccupations environnementales de nos clients, notamment des jeunes générations, en quête de transparence et d’éthique.
* Les créations de Courbet sont disponibles à l’appartement du joaillier au 7 place Vendôme, 75001 Paris (sur rendez-vous), dans la boutique dédiée du grand magasin Printemps Haussmann, dans le 9e arrondissement de la capitale et sur le site internet de Courbet, à découvrir ici.
* Le site internet de Diam Concept est ici et celui d’Agosi est là.
* Le sommet Change Now, l’exposition des solutions pour la planète, s’est déroulé du 31 janvier au 1er février 2020, au Grand Palais, à Paris. Le site internet est là.
* Poursuivez votre lecture sur Change Now avec cet article du Boudoir Numérique : “Notre fil de couture fond à haute température”.