2/2 - Porter des baskets sans faire souffrir les animaux et en diminuant son empreinte environnementale, c’est possible avec une marque de sneakers vegan et bas carbone comme MoEa. Seconde et dernière partie de l’interview de son cofondateur, Achille Gazagnes.
Par Ludmilla Intravaia
Dans la première partie de votre interview (lire ici), vous nous avez éclairé sur les matières innovantes, pomme, raisin, maïs, cactus ou ananas qui composent les baskets de votre nouvelle marque MoEa, lancée au printemps dernier. En fait, MoEa, c’est une alternative aux chaussures en cuir d’origine animale ?
Oui, notre concept est de les remplacer. De la tige de nos sneakers à la glu à base d’eau, aucun animal n’est impliqué dans notre marque qui est approuvée comme végétalienne par PETA. L'équivalent de MoEa, dans un autre marché, alimentaire par exemple, ce serait une marque de steak sans viande. Pleinement engagée dans les matières végétales, notre marque est également membre de l'organisation 1% for the Planet par laquelle nous reversons 1% de nos ventes annuelles aux programmes de protection des forêts du WWF.
Quels sont les points négatifs du cuir d’origine animale ?
Du point de vue du respect de la vie animale, les conditions d’élevage et d’abatage ne sont pas aux normes, donc nous évitons toutes matières dérivées des animaux car l’industrie du cuir les maltraite. En France, 80% des abattoirs sont non conformes, je vous laisse imaginer ce qui se passe dans les deux plus grands pays producteurs de peaux que sont le Pakistan et le Nigéria.
Et d’un point de vue écologique ?
L’élevage est hyper polluant, le cuir étant responsable de 3,5% des émissions de gaz à effet de serre. Le tannage est également très polluant, à cause de l’utilisation du chrome et des solvants dans les tanneries. En effets, les peaux des animaux se putréfient très vite, raison pour laquelle de nombreux produits chimiques toxiques sont employés pour les rendre imputrescibles et fixer les couleurs sur les matières. L'ONG Blacksmith, très engagée sur l'environnement, compte les tanneries parmi les dix industries les plus polluantes. S’ajoutent, ensuite, tous les mouvements logistiques, les peaux qui sont amenées dans les tanneries, puis acheminées chez les revendeurs, etc.
Les conditions de travail dans les tanneries sont également très difficiles pour les êtres humains, n’est-ce pas ?
Absolument. On peut le constater facilement, par exemple, dans les tanneries de Marrakech, auxquelles tout le monde à accès. Les conditions de travail y sont très rudes, au milieu d’odeurs nauséabondes et de produits toxiques. Il y a aussi un problème de pollution des eaux, l’industrie de tannage étant très consommatrice en eau, dans des pays où il n'y a pas forcément de bons systèmes de recyclage. Du coup, au Bangladesh par exemple, beaucoup de rivières et de fleuves sont pollués, à cause du tannage. Localement, c'est vraiment destructeur pour les humains et la planète.
Quel accueil le lancement de votre marque a-t-il reçu ?
L'accueil a été excellent. Au delà de nos espérances, en fait et avec pas mal de clients à l’étranger. Les premiers à avoir participé à notre campagne de financement participatif sur Kickstarter sont les Etats-Unis, suivis par la France, l’Australie, le Canada et plein d’autres pays. C’est formidable car nous allons pouvoir développer très rapidement notre marque à l’international. Au début de notre campagne Kickstarter, au printemps dernier, nous avons vendu 2000 paires de baskets en un mois. Un beau succès, d’autant plus que nous avons été repérés par de nombreux magasins plutôt engagés qui veulent distribuer MoEa en Australie, au Japon, en France, aux Etats-Unis, etc.
Les acheteurs vous semblent-ils prêts pour ce type d’alternatives vegan et bas carbone ?
Nous sentons un énorme attrait pour les valeurs de respect de l’environnement et des êtres sensibles défendues par notre marque sur un marché des baskets où elles sont très attendues. Le marché des baskets est encore très classique, il ne se passe pas grand chose autour des matières innovantes. De plus, notre produit est désirable en soi, la basket est chouette, on a envie de la porter, même si on ne connaît rien des valeurs qui se trouvent derrière. Et quand on sait qu'elle a un faible impact environnemental, qu'elle a été fabriquée sans maltraitance animale, ça rajoute un sens à cet achat.
Comment voyez-vous l’avenir de MoEa ?
Nous allons poursuivre notre développement, établir des partenariats avec des magasins, sans doute lancer un nouveau modèle de baskets au printemps prochain. Nous testons des matières comme la fibre de mangue et nous suivons de près l’évolution de matériaux comme le champignon. Nous allons continuer à explorer toutes ces matières innovantes qui, au bout du compte, permettent de créer des baskets aussi désirables que celles fabriquées à partir d’hydrocarbures ou de matériaux d’origine animale. Et cette exploration ne fait que commencer.
* Retrouvez la première partie de l’interview d’Achille Gazagnes sur Le Boudoir Numérique : “MoEa défend les matières végétales”.
* Le site internet de MoEa est ici.
* Renseignez-vous plus avant sur la mode et la beauté innovantes vegan et cruelty-free, en explorant le dossier spécial du Boudoir Numérique, là.
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