1/3 - Réalité augmentée, virtuelle ou mixte, AR social, filtres et lens AR… Pas facile de s’y retrouver. Antoine Vu, cofondateur d’Atomic Digital Design, startup spécialisée en réalité augmentée au service de marques comme Lacoste ou Lancôme, nous explique le b.a.-ba de cette technologie plébiscitée par les millennials et les digital natives, depuis le début de la crise sanitaire.
Par Ludmilla Intravaia
Le Boudoir Numérique : Atomic Digital Design est une startup spécialisé dans l'AR social, à savoir les applications mobiles utilisant la réalité augmentée via les réseaux sociaux. Commençons par le début : c’est quoi la réalité augmentée ?
Antoine Vu, cofondateur d’Atomic Digital Design : La réalité augmentée consiste à superposer du contenu virtuel sur une image réelle, un retour caméra, photographique ou vidéo. Par exemple, si je regarde le décor d’une ville, à travers la caméra de mon téléphone, je peux faire apparaître un arbre virtuel sur l’asphalte devant moi. La réalité augmentée dispose de technologies de tracking permettant de reconnaître le sol et d’y afficher un élément, en l’occurrence notre arbre, ce qui donne l’illusion qu’il est vraiment planté là.
En quoi est-ce différent de la réalité virtuelle ou mixte ?
La réalité virtuelle est accessible par le biais d’un casque offrant une vision à 360 degrés, en occultant en totalité l’environnement extérieur. La réalité mixte, elle, combine réalité augmentée et virtuelle, c’est-à-dire que l’on va porter un casque ou des lunettes pour voir à 360°, tout en continuant à percevoir son environnement, sur lequel on superpose du contenu virtuel.
Cette réalité augmentée est dite sociale, parce qu’elle est destinée aux réseaux sociaux, par le biais du téléphone portable, c’est bien ça ?
Oui. Au travers de son écran, on peut découvrir toutes sortes de nouveaux contenus, devant soi ou sur soi. Si on regarde son visage, on peut y faire apparaitre des éléments comme des accessoires, essayer des casquettes, des chapeaux, des colliers ou encore du maquillage. D’un point de vue artistique, ce makeup peut même être complément surréaliste, car on n'est pas obligé de reproduire strictement la réalité et des choses qui existent déjà dans la vraie vie. L'important, c'est de donner la sensation que ce que l’on regarde est réel, physiquement présent dans l’environnement où il s’intègre parfaitement, avec les bonnes lumières, les bonnes textures, bref on veut obtenir un rendu réaliste.
L’expérience doit être crédible pour l’œil humain, en somme…
Tout à fait. L’année dernière, nous avons été confrontés à un challenge intéressant avec des cannettes de Coca Cola. Si on scannait une cannete avec son téléphone, le visage d’un joueur de football de l’équipe de France s’animait. Comment faire en sorte que la superposition virtuelle soit à tel point réussie que l’on pense que la cannette bouge vraiment? D’autant plus que la forme particulière d’une canette, courbée et réfléchissante, représentait un défi technique pour nous. Nous avons ainsi travaillé, avec minutie, les matières, les ombres et l’aspect métallique pour soigner au mieux ce côté naturel, nécessaire à la création de l’illusion, ancrée dans le réel.
C’est ce qu’on appelle des filtres de réalité augmentée ou des lens AR ?
C’est une question de jargon, de vocabulaire propre à chaque plateforme. Le terme lens a été popularisé par le réseau Snapchat, le premier à avoir lancé cette tendance à embarquer de la réalité augmentée sur son application. Facebook, Instagram et TikTok parlent d’AR effects. L’appellation générique, aujourd'hui, est filtre en réalité augmentée. C’est un terme que je n’apprécie pas car il est réducteur, il fait plus référence à un traitement colorimétrique, cosmétique qu’à la qualité expérientielle de la réalité augmentée. C’est pourquoi je préfère parler d’expériences en réalité augmentée, propulsées sur les réseaux sociaux.
Pourquoi insister sur cette notion d’expérience ?
Parce qu’à la différence des contenus traditionnels, comme des visuels statiques ou même de la vidéo, avec lesquels les spectateurs demeurent enfermés dans un rôle assez passif, la réalité augmentée est interactive. C’est-à-dire qu’elle s'insère dans votre environnement, tandis que, de votre côté, vous vous appropriez son expérience en elle-même. Cognitivement, la connexion va plus loin, parce que d'autres sens sont sollicités. Là, on ne parle plus de spectateurs mais d'acteurs, en quelque sorte de “spectacteurs” du contenu consommé avec lequel ils vont être appelés à réagir, interagir, ressentir, avec un certain timing et des codes narratifs spécifiques à la réalité augmentée. Ce qui est génial avec cette technologie, c'est qu’elle est très immersive. Et idéale, donc, pour créer de l’empathie entre une marque et son public.
* Retrouvez la suite de l’interview d’Antoine Vu, dès la semaine prochaine, sur Le Boudoir Numérique : “La réalité augmentée transmet un message porteur d’émotion”.
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