L’année dernière, L’Oréal, le leader mondial de l’industrie cosmétique, lançait l’application de miroir virtuel MakeUp Genius de L’Oréal Paris, créée au sein de son Connected Beauty Incubator (CBI), une unité de recherche, destinée à dénicher et à développer l’innovation technologique de demain, applicable à la beauté. De là, à imaginer un nouveau rituel de beauté, celui d’une femme connectée, dès son réveil, à un miroir virtuel, accroché dans la salle de bain, miroir susceptible de lui conseiller, à l’aune de ses données personnelles, la bonne crème à appliquer, le geste de beauté judicieux à effectuer, il n’y a qu’un pas que le Boudoir numérique à eu furieusement envie de franchir. Guive Balooch, directeur de ce Connected Beauty Incubator tempère un brin les ardeurs futuristes du Boudoir. Juste un brin.
Le boudoir numérique : Qu’est-ce que le Connected Beauty Incubator (CBI) de L’Oréal ? Quelle est sa mission ?
Guive Balooch, directeur du CBI : Le Connected Beauty Incubator est une équipe pluridisciplinaire d’une vingtaine de spécialistes provenant d’horizons aussi variés que la biologie, la physique, l’éducation, l’ingénierie mécanique ou encore la science des données. Notre but est d’identifier les technologies de demain et de les amener à maturation, jusqu’à ce qu’elles soient en mesure d’entrainer des changements significatifs dans l’industrie de la beauté. Il s’agit d’offrir aux consommateurs la meilleure expérience possible de nos produits cosmétiques, par le biais de plateformes technologiques, tels que les objets connectés ou la réalité augmentée, comme ce fut le cas avec l’application Makeup Genius de L’Oréal Paris (miroir virtuel, lancé lors du Festival de Cannes, en mai 2014, s’appuyant sur la technologie de reconnaissance faciale pour permettre aux clientes d’essayer les produits de beauté de la marque, sur leur téléphone ou leur tablette, NDLR).
Où se trouve cet incubateur ? Aux Etats-Unis ?
Nous sommes présents à San Francisco, à New York mais aussi en France ou en Asie. Notre envie n’est pas tant d’être localisés dans un endroit spécifique mais d’être là où les choses se passent. Les membres de notre équipe travaillent donc dans différents endroits stratégiques du monde, autant de lieux susceptibles d’évoluer en fonction de l’émergence de technologies disruptives. Nous focaliser uniquement sur la Silicon Valley, par exemple, reviendrait à ne posséder qu’une pièce du puzzle. Ce qui nous intéresse, c’est d’être aussi diversifiés et ouverts que possible.
Nous assistons, à l’heure actuelle, à des interconnexions croissantes entre la technologie, le high-tech et la beauté. Comment expliquez-vous ce décloisonnement ?
Ce phénomène prend racine dans la nouvelle manière, liée à la technologie, dont les consommateurs interagissent dorénavant avec les marques. La relation entre le produit et le consommateur a fondamentalement changé depuis l’apparition des smartphones, des objets connectés et des données qu’ils permettent de récolter. Le consommateur s’appuie de plus en plus sur la technologie et l’internet des objets pour choisir les produits qui lui conviennent le mieux. Cette collaboration grandissante entre l’industrie de la beauté et la technologie ne fait que refléter, tout naturellement, cette évolution.
Le Connected Beauty Incubator a créé l’application de miroir virtuel MakeUp Genius de L’Oréal Paris. Partant de là, pourrait-on imaginer un nouveau rituel de beauté, celui d’une femme tapotant, dès son réveil, sur son miroir virtuel, accroché dans la salle de bain, miroir susceptible de lui conseiller, à l’aune du taux d’hydratation de son corps, de la qualité de son sommeil ou de ses habitudes alimentaires, la bonne crème à appliquer, le geste de beauté judicieux à poser ?
On peut penser que le futur tournera autour de ce genre de miroir virtuel, pourquoi pas, mais je n’en suis pas tout à fait certain. D’abord, parce que le miroir virtuel accroché dans la salle de bain est encore à l’état de prototype. Ensuite, parce que je crois en la prépondérance de la relation émotionnelle entretenue entre l’individu et son téléphone portable. Toujours est-il que, quel que soit l’objet connecté, miroir, téléphone ou autre, l’idée d’une e-routine de beauté, basée sur la connaissance de soi, le coaching et la customisation, deviendra une réalité dans les prochaines années.
Considérez-vous que le futur de la cosmétique repose sur la beauté high-tech et connectée ?
Oui, en partie, le facteur primordial demeurant cette relation très intime entre le consommateur et le produit. Ca, ça ne changera jamais. Je n’envisage pas le futur sous l’angle du tech à tout crin, hyper connecté. Cela ne sert à rien de jeter des gadgets à la tête des gens. Il existe, d’ailleurs, déjà des millions d’apps inutiles, des jouets qui ne dépasseront jamais le stade du one shot. C’est une évidence, la technologie, le high-tech et l’internet des objets tiendront une place importante dans le futur de l’industrie cosmétique, mais seulement dans le sens où ils enrichiront l’expérience du consommateur avec le produit, en lui offrant des solutions personnalisées, totalement adaptées à ses besoins et ses désirs. C’est ce que le CBI se propose de réaliser à l’avenir.
* Poursuivez cette réflexion sur la beauté connectée et high-tech avec cet article du magazine Victoire sur "L'esthétique du futur" by Le boudoir numérique.
Ludmilla Intravaia