Le Boudoir numérique n’avait pas assisté à la première édition de la FashionTech Week, en marge de la Semaine de la mode parisienne, en septembre dernier. Pourtant, plusieurs des interlocuteurs interviewés cet automne, chez EliumStudio, Netatmo ou Misfit Wearables, avaient confié avoir participé à cette semaine de rencontres sur les liens croissants entre mode et technologie. Alléché, le Boudoir numérique, voyant la Fashion Week de mars approcher à grands renforts de froufrous, a voulu en savoir plus sur cette deuxième édition de la FashionTech. Direction le quartier du Sentier et l’association Numa, organisatrice de l’événement, pour une interview avec Marion Hislaire et Charlotte Boutier, chefs de projet bien décidées à susciter la réflexion sur cette thématique "encore à défricher".
Le Boudoir numérique : Pourquoi une FashionTech Week chez Numa ? Et puis, d’abord, Numa, c’est quoi ?
Marion Hislaire, chef de projet chez Numa : Numa est un accélérateur de startups et un espace de coworking, gratuit et ouvert à tous, où les gens viennent travailler avec leur ordinateur et se rencontrer. Mais nous nous définissons moins comme un lieu que comme un mouvement. Un mouvement visant à rassembler les communautés autour du numérique, en organisant des événements susceptibles de générer une réflexion sur des sujets émergeants, comme la mode de demain, par exemple, avec la FashionTech Week.
Le Boudoir numérique : Quand avez-vous senti cette thématique "émerger", justement ?
Marion Hislaire : Cela a vraiment commencé, il y a un an. Les éléments les plus visibles de cette tendance à marier mode et technologie étant les nouveaux textiles et les objets connectés. Les wearables, de purement fonctionnels, sont devenus de plus en plus esthétiques. Je pense notamment à la ceinture connectée Belty, déjà présentée chez Numa, un bel objet contenant des capteurs (une ceinture intelligente de la société Emiota s’ajustant au tour de taille, NDLR). Les marques high-tech font dorénavant appel au talent des designers de mode ou de bijoux pour imaginer des produits séduisants. La dimension mode, en matière high-tech, est désormais incontournable. Et cette innovation dans la mode touche tous les niveaux de la chaine. De la création à la production, avec l’impression digitale utilisée par Iris Van Herpen, par exemple (une créatrice néerlandaise ayant collaboré avec l’entreprise d’impression 3D belge Matérialise pour certaines de ses collections, NDLR). En passant par les nouvelles manières de commercialiser les produits, le e-commerce, le développement des applications et la communication des marques, Burberry, en tête, pour ne citer qu’elle, qui a complètement changé en cette matière. La table ronde de la soirée d’ouverture du lundi 2 mars s’avère, à cet égard, un excellent point d’entrée dans la FashionTech Week, puisque le PDG de NellyRodi (bureau de tendances centré sur la mode, la beauté et l’art de vivre, NDLR) s’y livrera, en compagnie des autres invités de Numa, à un exercice de prospective sur le thème de la mode et de l’innovation. Le lendemain, la Fashion Pitch Night verra sept startups, sélectionnées par Iconity (une plateforme de location dédié à la mode, NDLR), pitcher leur projet face à un jury de professionnels.
Charlotte Boutier, chef de projet chez Numa : Le même jour, par ailleurs, le Centre national de la danse accueille également le workshop intitulé Light augmented by dance de l’artiste Jeanne Bloch qui fait appel aux textiles intelligents comme alternative écologique à l’éclairage scénique. Il est, en effet, important pour un événement comme la FashionTech Week de s’ouvrir à des formes d’expression plus artistiques car les business models et les données économiques ne peuvent être décorrélés de l’esthétisme et de la créativité.
Qu’espérez-vous de cette deuxième édition de la FashionTech Week?
Marion Hislaire : Lors de la première édition, nous nous sommes posé la question : la mode est-elle prête a évoluer ? Les secteurs de la mode et surtout du luxe sont parfois perçus comme traditionnels, pas forcément ouverts à l’innovation et au numérique. Or, à l’issue de la première FashionTech, nous avons constaté qu’ils étaient déjà en mutation. La deuxième édition tend donc à se questionner sur l’ampleur des changements en cours, pour les acteurs du milieu et les consommateurs, tout en essayant d’identifier les prochains chantiers.
Charlotte Boutier : Notre événement est un marqueur, tout à fait révélateur de l’engouement pour cette tendance, à la croisée de la mode, de la technologie et de l’innovation. Il draine beaucoup de monde, des gens en attente d’informations et d’accompagnement sur ce sujet, certes, encore à défricher mais au champ des possibles énorme. Petit à petit, la FashionTech Week se structure, prend de l’ampleur et nous comptons énormément sur notre public et les groupes qui nous soutiennent pour lancer un processus d’innovation collective, de collaboration. En ce sens, nous sommes là, au cœur de ce qu’est notre métier, chez Numa.
* La FashionTech Week se déroule à Paris, du lundi 2 mars au vendredi 6 mars 2015. L’accès, ouvert à tous, est gratuit. Le programme et les lieux de rencontres sont disponibles sur le site FashionTeckWeek.fr.
Ludmilla intravaia