A force de voir certaines grands-mères pleurer, à l’installation de leur système de téléassistance, "vécu comme un drame stigmatisant", Alexis Roche et Henri Borie, respectivement directeur général et responsable marketing d’Assystel, ont décidé de concevoir un pendentif d’alarme que les personnes âgées "auraient envie de porter, parce qu’il est joli". Le boudoir numérique a rencontré les créateurs de "Framboise", au Salon des seniors, début avril, à Paris. Interview.
Le boudoir numérique : Framboise, c’est quoi ?
Alexis Roche, directeur général d’Assystel : Framboise est le premier bijou connecté de téléassistance. En cas de besoin, une chute par exemple, la personne âgée presse le pendentif qu’elle porte sur elle pour entrer en contact avec le centre d’assistance destiné à lui apporter de l’aide. Nous avons conçu Framboise comme un véritable bijou à arborer au quotidien, un accessoire qui soit joli. Si le matériau utilisé demeure le plastique, en raison du respect des normes relatives à la diffusion des ondes, le bijou revêt un aspect laqué, décliné en trois teintes harmonieuses, bleu royal, framboise et bordeaux. Nous réfléchissons déjà à la possibilité d’imaginer des collections saisonnières.
Henri Borie, responsable marketing et communication d’Assystel : Notre volonté est de reprendre les codes du prêt-à-porter et de la mode. Pour le Salon des seniors, nous avons ainsi élaboré le premier lookbook de téléassistance, avec des visuels attractifs qui donnent envie.
Pourquoi un bijou ? Et cette référence à la mode ?
Henri Borie : Nous sommes partis d’un constat très simple : pour qu’un service de téléassistance soit efficace, il faut porter le dispositif d’alerte sur soi. Or, nous avons remarqué que les personnes âgées ne le faisaient pas. Comment voulez-vous offrir un collier moche à votre grand-mère ? Ce n’est pas possible. Elle ne l’acceptera pas. Donc, nous avons eu l’idée de proposer un bouton d’alarme qui serait beau et là, le bijou s’est imposé.
Alexis Roche : Nous lançons, d’ailleurs, un appel aux créateurs de bijoux qui voudraient travailler avec nous. En effet, si certains visiteurs du Salon des seniors nous demandent, à la vue des pendentifs exposés, si nous sommes bijoutiers, ce n’est pas du tout le cas. Nous serions ravis de collaborer avec des designers soucieux de sublimer la technologie pour faire plaisir aux gens.
Justement, comment réagissent les mamies au bijou d’Assystel ?
Alexis Roche : Avant, quand nous allions installer le matériel de téléassistance chez certaines grands-mères, elles vivaient ça comme un drame. Nous sentions vraiment une réticence, une résistance à porter un objet vécu comme stigmatisant. Certaines mamies se mettaient même à pleurer. Grâce à Framboise, nous avons complètement transformé l’acte de souscription au service de téléassistance. Nous fournissons un collier de perles à nos abonnées mais les utilisatrices peuvent choisir d’adapter Framboise à leur parure préférée, grâce à un fermoir de bijoutier ou de l’arborer en bracelet. Le contexte est beaucoup moins angoissant. Les grands-mères sortent leur bijou de sa boîte, elles se prennent au jeu. Et maintenant, elles le portent, ce qui est fondamental à l’heure où, en France, chaque année, 10.000 personnes décèdent encore suite à une chute.
* Le site d’Assystel : www.assystel.fr
Poursuivez cette réflexion avec l'article "La technologie comme soutien aux seniors" du quotidien Le Soir by Le boudoir numérique.
Ludmilla Intravaia