Le Boudoir numérique adore fureter dans des événements comme le Paris Founders Event. Ce genre de soirées dédiées aux startups françaises, dont la quatrième édition vient de se dérouler en janvier, au Palais Brongniart, sous la houlette du blog The Rude Baguette, s’avère le lieu idéal pour en savoir plus sur les entreprises du moment, les nouveaux produits, apps et services high tech, tout en enrichissant ses connaissances, en anglais s’il vous plaît, sur le data cleansing, machine learning et autres fashion algorithms. "Algorithme de mode" ? Intrigué, Le boudoir numérique a tendu l’oreille, puis le microphone à Michel Ward, 22 ans, étudiant et fondateur de The Innovation Company. La start-up française lance, début février, l’application Apparel Paris, destinée à mieux gérer les froufrous de sa garde-robe.
Le Boudoir numérique : Vous venez d’évoquer, lors de la présentation de votre nouvelle application, sur la scène du Paris Founders Event, l’"algorithme de mode", dont vous êtes le co-concepteur, fruit de votre volonté de "combiner mode et mathématiques". En quoi cette démarche est-elle susceptible de différencier votre app, Apparel Paris, de la foultitude de fashion advisers, assistants de shopping, gestionnaires de dressing et planificateurs de style existant sur le marché ?
Michel Ward, fondateur de The Innovation Company : Notre différence, c’est notre algorithme de création de tenues personnalisées vous proposant différentes alternatives vestimentaires, dans votre propre garde-robe, en fonction de votre silhouette, de votre teint, de la couleur de vos yeux, de vos cheveux, en tout une trentaine de paramètres qui font la magie de notre application. Je ne prétends pas révolutionner les choses en liant le monde des mathématiques avec celui de la mode. Je me suis simplement appuyé sur ma passion des mathématiques pour appréhender, sous un éclairage nouveau, un univers qui m’est familier, celui de la mode. Mon grand-père, en effet, travaillait dans le textile, tandis le designer de haute couture Tony Ward fait partie de ma famille. Sans être styliste moi-même, j’ai eu envie de modéliser, sous forme d’algorithme, un raisonnement sur la mode logique et rigoureux, au delà de la subjectivité, de l’aléatoire auxquels elle est généralement associée.
Une personne qui s’intéresse un tant soit peu à la mode sait ce qu’elle possède dans sa garde-robe et comment assembler ses tenues. En quoi votre application peut-elle lui être utile ?
L’exploitation du potentiel de votre dressing est souvent beaucoup plus limitée, quand elle est déterminée par un choix humain. On est pressé le matin, on prend le petit haut noir, facile à porter, dans le tiroir le plus proche. Par contre, le jeans à fleurs roses que vous adorez mais qui est plus difficile à associer avec le reste de vos vêtements, vous le laissez sur le côté et vous ne le portez que tous les quatre mois. L’algorithme, lui, n’a pas peur de votre jeans excentrique. Il l’intégrera aux tenues proposées, au même titre que d’autres pièces plus classiques. Les possibilités de mix & match sont plus nombreuses, sans avoir besoin de réfléchir pendant 150 ans. C’est très ludique pour les fashion addicts, par exemple, même si notre application se destine aussi aux personnes qui ne savent pas s’habiller, qui maitrisent mal les codes de la mode, les règles d’harmonie des couleurs, les modèles valorisant pour la silhouette. Tout cela se travaille. Nous, nous leur proposons des tenues adaptées à leur physique, avec des vêtements se mariant bien ensemble, dans un ensemble de 700 choix présélectionnés, tels la chemise blanche, la petite robe noire, les ballerines ou encore les Stan Smith d’Adidas, en vogue pour le moment. Les vêtements plus originaux, comme le jeans à fleurs roses, seront pris en photo et introduit manuellement dans l’application.
Les utilisateurs prendront-ils le temps de décrire leurs vêtements de la sorte ?
Oui. Tout d’abord, nous estimons que la saisie manuelle ne correspond qu’à 30% des vêtements environ. Ensuite, nous ciblons ce que l’on appelle les innovateurs, 2,5% des utilisateurs qui, eux, n’ont aucun problème à prendre leurs vêtements en photo et à les décrire avec précision. Force est, d’ailleurs, de constater que les applications nécessitant une saisie manuelle fonctionnent très bien. C’est le cas de l’application américaine Stylish Girl qui a été téléchargée plus d’un million de fois. Une ado de 12 ans, collée à son iPad, au rythme de Facebook et d’Instagram, n’est pas du tout ennuyée par le fait de photographier ses vêtements, un par un, dans sa chambre, pendant le week-end. C’est plutôt l’inverse, d’autant plus qu’il est possible de partager les infos sur les réseaux sociaux. En ce sens, notre application devrait séduire les 15-25 ans.
* L’application Apparel Paris sort entre le 2 et le 9 février 2015, pour iPhone. Le site de The Innovation Company : www.innovationcompany.fr.
* La prochaine édition du Paris Founders Event aura lieu en avril 2015, suivie par la manifestation Connected Conference – The rise of the internet-enabled hardware industry - du 28 au 30 mai 2015, au Carreau du Temple. Les deux événements parisiens sont organisés par Rude Media, société éditrice du site internet dédié aux startup françaises, The Rude Baguette.
Ludmilla Intravaia