Intégrer de la technologie à une collection aux silhouettes pointues et portables, tel est le pari réussi de Clara Daguin. Le Boudoir Numérique a fait la connaissance de la créatrice de mode au salon Première Vision de Villepinte, où était exposée sa tenue Thorax, traduisant le rythme cardiaque en autant de pulsations lumineuses.
Le Boudoir Numérique : Diplômée de l’Ecole nationale supérieure des Arts Décoratifs de Paris (ENSAD), vous avez présenté au salon Première Vision de Villepinte, début février, la tenue Thorax, à l’occasion de Wearable Lab, journée dédiée à la fashion technology. Quel est le concept de ce modèle?
Clara Daguin, créatrice de mode : Munie d’un capteur au niveau de l’oreille, cette tenue s’illumine, au gré des pulsations cardiaques de la personne qui la porte. Thorax fait partie de la collection Body Electric que j’ai présentée à Hyères (Festival International de Mode et de Photographie, dont elle était finaliste, NDLR), l’année dernière. Les silhouettes de cette collection sont des pièces uniformes, inspirées des vêtements de travail, le workwear, autant de modèles arborant des incisions et découpes, susceptibles de dévoiler le corps, par exemple, sur la cage thoracique, les épaules, le long du contour des poches, de la couture des manches, etc. Ce qui m’intéresse dans la technologie, c’est qu’elle est invisible mais néanmoins omniprésente. Je voulais voir et montrer cette espèce de corps robotique, dissimulé sous le vêtement.
Pourquoi intégrer la technologie à votre travail ?
Mon père est ingénieur et j’ai grandi dans la Silicon Valley (pôle des entreprises high-tech, dans la baie de San Francisco, aux Etats-Unis, NDLR). La technologie me fascine. Je baigne dedans depuis longtemps, tout comme je fais de la couture depuis toujours. Il me semble naturel de mêler ces deux domaines créatifs. En participant à un atelier sur les objets communicants aux Arts Décoratifs, je me suis rendue compte qu’il était possible d’intégrer de la technologie et de l’interactivité dans des objets physiques. Cette idée m’a plu et, à partir de là, j’ai commencé à bidouiller, par moi-même et avec l’aide de mon père. J’aimerais maintenant trouver des partenaires, afin de continuer dans cette voie.
Vous considérez-vous comme une créatrice fashion tech ?
Non, pas vraiment. Je ne me sens pas tellement faire partie d’un mouvement collectif, même si je suis consciente du fait que d’autres personnes s’inscrivent dans la même démarche d’intégration de la technologie aux vêtements. Je suis plus dans une démarche liée à la mode qu’à celle des designers de fashion tech fonctionnant au projet, par exemple une tenue dédié à un usage précis. J’aime m’investir dans une collection, avec ses déclinaisons vestimentaires, ses répétitions sur le corps. Pour la collection Body Electric, toutes les silhouettes étaient lumineuses mais pas toutes interactives. Celle sur laquelle je travaille pour l’instant proposera des effets matières qui ne seront pas nécessairement électroniques. Mais je veux conserver au moins une pièce technologique innovante, dans chacune de mes collections. Je vais donc continuer à m’intéresser de près à la technologie, à l’avenir.
* Site internet de Clara Daguin : Claradaguin.com.
* Retrouvez l’exposition fashion tech du Wearable Lab du 8 février 2017, en images, sur Le Boudoir Numérique, ici.
* L’interview d’Anne-Sophie Bérard, curatrice du Wearable Lab, est là.
Ludmilla Intravaia