Le salon parisien Denim Première Vision s’est ouvert à la fashion tech, fin avril, avec son espace innovation présentant notamment des vestes de Pauline van Dongen, designer de mode spécialisée dans les wearables. Le boudoir numérique a rencontré la responsable de cette exposition, Marion Foret, chef de produit mode chez Première Vision.
Le boudoir numérique : Vous avez monté le premier espace tech et innovation du salon Denim Première Vision, en avril, à Paris. Pourquoi cette volonté d’ouvrir ce salon dédié au denim à la fashion tech ?
Marion Foret, chef de produit mode chez Première Vision : En tant que responsable de l’information mode au sein de Denim Première Vision, je m’attache à anticiper les tendances à venir, en concertation avec les acteurs du monde de la mode, designers, exposants, créatifs, etc. Toutes nos équipes sont animées par cette recherche prospective et, depuis deux à trois saisons, nous avons senti l’émergence d’une scène d’innovation et de technologie dans le denim. Cela nous a semblé le bon moment pour mettre en avant cette tendance, afin de montrer le denim autrement, par le biais de la technologie, une voie d’évolution possible pour ce secteur.
Que recouvre cette scène innovation et technologie ?
Nous y retrouvons les vêtements connectés, tout ce qui tourne autour des wearables, bref l’innovation liée à la technologie mais aussi liée à la création, par exemple, de nouvelles manières, plus confortables, avec des fibres respirantes ou rafraichissantes. Ainsi, nous avons repéré sur Kickstarter, le projet de la marque de jeans Kojima Genes qui travaille sur un tissu thermique emprunté à la Nasa (cette campagne de financement participatif "Space technology infused denim", lancée en janvier dernier, allie l’artisanat réputé du jeans produit à Kojima, au Japon à une technologie destinée à protéger les astronautes des fluctuations extrêmes de températures dans l’espace, NDLR).
Pourquoi avoir choisi de présenter deux créations de Pauline van Dongen ?
C’est une artiste extrêmement intéressante, en raison de sa démarche de denim connecté. Le textile de sa veste Issho ("ensemble", en japonais, NDLR) intègre une technologie procurant une sensation de caresse vibratoire sur les épaules de l’utilisateur, quand celui-ci a besoin d’une pause réconfortante, après l’accumulation de stress de la journée. De plus, cette veste est jolie, ce qui n’est pas toujours le cas avec les vêtements connectés.
En quoi son blouson Solar Windbreaker vous a-t-il semblé intéressant ?
Ce coupe-vent waterproof comporte des panneaux solaires, flexibles et lavables, permettant de recharger, dans sa poche, n’importe quelle technologie portative, comme un téléphone, un GPS ou une caméra. Ce blouson que Pauline van Dongen est en passe de commercialiser permet d’être autonome, par exemple, lorsque l’on effectue de longues promenades dans la nature (à l’origine, cette parka a été imaginée, en 2015, pour les guides de la Wadden Sea Society qui organise, en Hollande, des visites de la mer des Wadden, une zone côtière, dont certains sites sont inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco, au Danemark, en Allemagne et en Hollande, NDLR). Là encore, le blouson est beau, avec son denim bleuté qui prend en compte le respect de l’environnement (Solar Windbreaker est le fruit d’une collaboration avec la marque hollandaise de jeans recyclés Blue Loop Originals, NDLR).
Quels autres produits fashion tech avez-vous voulu mettre en lumière ?
La veste digitale Rochambeau Bright Bmbr de la marque américaine est équipée de puces et de QR codes qui donnent accès, pour son porteur, à un itinéraire personnalisé dans la ville de New York. Disponible en seulement quinze exemplaires, cette veste indique à son utilisateur qu’un vernissage a lieu à tel endroit, que dans telle boutique un goodie l’attendra, etc. Avec ce bel objet, très mode, on s’offre le luxe de pénétrer dans un cercle privilégié d’amateurs de contenus exclusifs. Signalons également le jean de Spinali Design (lire "La technologie n'est pas assez mode") présenté, en janvier dernier, au CES (Consumer Electronics Show, salon consacré à l'innovation technologique en électronique grand public qui se déroule, chaque année, à Las Vegas, NDLR). Cette paire de jeans dispose d’une technologie GPS, afin de guider celui qui l’arbore, grâce à des vibrations directionnelles, sans qu’il ait à consulter son trajet sur l’écran de son téléphone. Spinali Design s’est fait connaître par son bikini intelligent qui averti les utilisatrices d’une trop longue exposition au soleil. Enfin, la marque pakistanaise Kassim Denim suscite notre intérêt, chaque saison, par ses innovations, comme récemment son jean anti-pollution ou un denim comportant une puce de mesure de performances physiques (pour en savoir plus sur Kassim Denim, lire l'interview du Boudoir Numérique : "Nous recherchons des solutions technologiques pour nos jeans").
Au regard des exemples précités, le secteur du denim vous semble-t-il prêt à embrasser la vague fashion tech ?
Tout à fait. Certes, le denim a toujours été un univers un peu à part de la mode, avec ses propres codes, influences et directions. Mais le denim, ce n’est pas seulement l’esprit vintage et les vieilles pièces. C’est un secteur ouvert aux nouvelles technologies et aux préoccupations écologiques, connecté avec la mode et en prise avec le monde, en somme.
* Le salon Denim Première Vision s’est déroulé du 26 au 27 avril 2017, au Paris Event Center de la porte de la Villette : denimpremièrevision.com.
Ludmilla Intravaia