Le mannequin américain Lauren Wasser, amputée des jambes, a dévoilé une pièce de Yuima Nakazato, à base de protéine fermentée de la start-up nippone Spiber, à l’occasion de la présentation de la collection haute couture printemps-été 2021 du créateur japonais, le 28 janvier dernier.
Par Ludmilla Intravaia
Dans cet article :
Lauren Wasser, muse de Yuima Nakazato
Technologie biosmocking de Yuima Nakazato
Biofabrication avec Brewed Protein de Spiber
Atlas, collection P-E 21 de Yuima Nakazato
Cosmos et Birth de Yuima Nakazato
“Yeah, je suis le futur.” Lauren Wasser n’en doute pas : à la question du créateur japonais Yuima Nakazato désireux de savoir si, d’après elle, “la mode va se hausser à un nouveau niveau en fusionnant avec le domaine médical”, le mannequin américain répond par l’affirmative. Si la jeune femme est si catégorique, c’est qu’elle parle d’expérience. Elle a en effet été amputée des deux jambes, victime en 2012 du syndrome du choc toxique, une forme particulière du choc septique causée, dans son cas, par l’utilisation d’un tampon périodique.
Depuis, Lauren Wasser qui milite pour la sensibilisation du public au danger du SCT, continue d’arpenter les catwalks, du haut de ses deux prothèses, comme celui du défilé de lingerie Savage X Fenty de Rihanna, en 2019 (plus d’infos dans cet article du Boudoir Numérique).
Devenue la muse de la nouvelle collection haute couture de Yuima Nakazato, elle développe ses propos dans la présentation vidéo de la saison printemps-été 2021, dévoilée le 28 janvier dernier, sur la plateforme online de la Paris Haute Couture Week. “Avec les jambes que j’ai maintenant, je peux certainement vous dire que la technologie a joué un rôle déterminant pour la femme que je suis devenue”, explique-t-elle, tandis que la caméra glisse sur ses prothèses : “Étant capable de bouger comme je le fais, de courir comme je le fais, j'ai vraiment le sentiment que nous allons tous avoir besoin d'une sorte de technologie pour nous faire devenir des êtres meilleurs dans le futur et je suis juste en avance sur la vague.”
Technologie, un mot porteur de sens pour le créateur Yuima Nakazato. Ce diplômé de l'Académie royale des beaux-arts d'Anvers, intégré au calendrier de la haute couture parisienne depuis 2016 avec sa marque éponyme lancée en 2009, s’appuie sur l’innovation et le savoir-faire traditionnel pour créer des vêtements à l’essence unique. Pour sa dernière collection, Yuima Nakazato a livré une pièce d’exception, basée sur sa technologie intitulée biosmocking.
Comme indiqué dans le communiqué de presse de la marque, le procédé de biosmocking est “une méthode de modélisation textile pour créer des textures tridimensionnelles utilisant la fabrication numérique pour contrôler avec précision la propriété de super contraction des textiles de protéines brassées spécialement adaptés et permettant d'apporter une toute nouvelle sensation de profondeur aux vêtements.”
Le textile de la silhouette est obtenu par biofabrication, à partir du matériau Brewed Protein, des protéines fermentées développées par la start-up japonaise Spiber. Offrant d’infinies possibilités de changements de forme, ce matériau s’inscrit dans la philosophie de production de vêtements de Yuima Nakazato, soucieux de se “libérer des contraintes traditionnelles posées par l'aiguille et le fil”.
Ce système de production exclusif intitulé Type-1 “est instantanément personnalisable, facilement réparable et suffisamment flexible pour que les utilisateurs puissent ajuster la forme et la taille des vêtements pour s'adapter aux changements de forme du corps.” Regardez la silhouette de Lauren Wasser évoluer au gré de l’inspiration de Yuima Nakazato, dans les visuels ci-dessous (©Yuima Nakazato).
Ci-dessous, découvrez la vidéo de présentation de la collection haute couture printemps-été 2021 de Yuima Nakazato.
Ce n’est pas la première fois que Yuima Nakazato travaille avec cette matière durable, alternative aux matériaux pétro-sourcés et d’origine animale, néfastes pour l’environnement et les êtres sensibles. Le Brewed Protein de Spiber, utilisé dans l’habillement, les transports, la construction, les cheveux artificiels ou encore les dispositifs médicaux, a été mis sous les feux des projecteurs du défilé haute couture Cosmos printemps-été 2020 de la marque, en janvier 2020 (voir ci-dessous).
Ci-dessous, les coulisses du défilé Cosmos vous en montreront plus sur la technique de création de Yuima Nakazato.
Les protéines brassées de Spiber, permettant d’obtenir des fils d’une grande diversité, délicats comme de la soie, doux comme du cachemire, chauds comme de la laine ou encore résineux comme de l’écaille de tortue ou de la corne animale, ont également été employés par Yuima Nakazato pour sa collection Birth automne-hiver 2019-2020, dévoilée en août 2019, à Paris (voir ci-dessous).
* Plus d’infos sur le site internet de Yuima Nakazato. Et sur le site internet de Spiber.
* La semaine de la mode parisienne haute couture printemps – été 2021 s’est déroulée du 25 au 28 janvier 2021. Sa plateforme online est accessible ici.
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