Montres reliées au web, bracelets traqueurs d’activités sportives, lunettes qui, d’un battement de cils, prennent une photo…, les objets connectés font de plus en plus partie de notre existence. Ces "wearables" sont partout. Plus seulement au bureau, dans notre sac à main ou au fond d’une poche mais nichés au creux de l’oreille, glissés au poignet, vissés à l’œil, ils nous collent, littéralement, à la peau.
C’est l’informatique corporelle, celle des objets de l’intime, utiles, pratiques et fonctionnels mais dorénavant également branchés et esthétiques. Bel outil, véritable bijou, le "wearable" scelle le mariage de la technologie, du design et de la mode. Finis, les gadgets moches. Le consommateur veut du beau, du style. Les montres high tech se piquent d’élégance, Google s’allie à Luxottica, tandis que les designers de griffes en vogue prêtent leurs lignes aux bracelets de fitness. Ere de la "fashion tech", vague de la "digital fashion", déferlante du "techno luxe"… qu’on la dénomme à sa guise, la tendance est lancée. Il va falloir compter avec elle.
Et si le numérique se fond avec le beau, la beauté, elle-même, n’est pas en reste. Les marques de cosmétiques l’ont bien compris : pas question de rater le virage digital, elles qui multiplient les offres de miroirs virtuels, de scanners de teint et autres applications interactives, faisant la part belle au "sur mesure", en matière de skincare et de makeup. La beauté "augmentée" se la joue perso, à portée de clic. Bref, les entreprises font leur entrée en force sur le marché de la beauté connectée.
Ce n’est qu’un début, évidement : imprimantes à maquillage 3D, faux-cils interactifs, ongles connectés, tatouages électroniques…, chercheurs et créatifs planchent, dans le monde entier, sur les innovations du futur, à l’avant-garde de la transformation digitale de nos sociétés. Quelles seront les implications à long terme de ces technologies, en termes d’évolution de la notion de beauté, de la perception de soi et du rapport à l’autre, notamment ? Autant de questions éthiques et philosophiques dépassant de loin le cadre des stratégies numériques des grands groupes industriels. Des questions que nous allons nous poser maintenant.
Ludmilla Intravaia