Le boudoir numérique

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Fashion tech à l’expo "La Fabrique du vivant"

Tatouage connecté DuoSkin de Cindy Hsin-Liu Kao, en collaboration avec le MIT Media Lab (2016), présenté dans l’expo La Fabrique du vivant, au Centre Pompidou, à Paris (3 avril 2019)

Culture de bactéries pour teindre des textiles, tatouages pour faire de sa peau un clavier d’ordinateur, impression de mobilier en mycélium de champignons, motifs générés par algorithme, chaises façonnées par cristallisation…, l’exposition “La Fabrique du vivant”, au Centre Pompidou, à Paris, regorge de trouvailles innovantes explorant les interactions entre art, design, architecture et science. 

Par Ludmilla Intravaia

Cristaux, coraux, pectine, cellulose, chitine, algues, mycélium de champignons…, dans l’exposition “La Fabrique du vivant”, la matière est reine, intrigante, surprenante, créative, émouvante…

Matière vivante et compostable, dans la “Mycelium Chair” du studio hollandais Klarenbeek & Dros (2012 – 2018) qui imprime en 3D du mycélium de champignons, en alternative aux plastiques et autres matériaux traditionnels. 

Où à l’instar du designer Jonas Edvard et son projet “Myx” (2013 – 2019), culture d’une lampe, d’un tabouret et de textile, en mycélium de pleurotes sur fibres végétales. On en mangerait… littéralement, les champignons provenant de fermes commerciales alimentaires. 

Chaise façonnée par cristallisation, lorsqu’un bloc de fibres de polyester, de la forme d’un siège, est plongé dans une cuve remplie d’une solution liquide de minéraux (Tokujin Yoshioka, “Cristallized Chair Venus”, 2008). 

Textiles fabriqués numériquement, à partir des composants moléculaires des arbres, des insectes ou encore des os, pectine, chitosane, cellulose, etc. (Neri Oxman & The Mediated Matter GroupMIT Media Lab - MIT, “Aguahoja Artifacts”, 2015 – 2018).

Impression numérique de matières organiques (graines, algues, agar-agar) pour former des constructions bio-architecturales, à motifs générés par algorithmes (Allison Kudla, “Capacity for <Urban Eden , Human Error>”, 2010). 

La designer Natsai Audrey Chieza collabore avec des scientifiques pour développer des matériaux textiles biologiques, comme solution alternative à la pollution de la mode. Son projet “Coelicolor : Scale” (2017 – 2018) utilise des méthodes artisanales de teinture, à partir de bactéries streptomyces Coelicolor cultivées sur de la soie pendant plusieurs semaines, pour produire des bio pigments aux tonalités variées. 

Le projet “DuoSkin” de Cindy Hsin-Liu Kao, en collaboration avec le MIT Media Lab (2016), est un tatouage connecté, en feuilles de métal doré, permettant d’utiliser sa peau, comme un clavier d’ordinateur par exemple. Basée sur le système NFC (Near Field Communication ou communication en champ proche), cette interface directement appliquée sur le corps, dispose d’une puce offrant la possibilité de contrôler un appareil mobile, de même que d’afficher et stocker des informations.  

Le designer Tim Van Cromvoirt s’est inspiré de la thermophorèse (phénomène par lequel certaines particules migrent d’une zone plus chaude à une autre plus froide, en fonction des changements de températures) pour concevoir des coraux, capables de moduler leurs couleurs, selon les évolutions thermiques de leur environnement (“Thermophores”, 2019). 

L’exposition “La Fabrique du vivant” se déroule au Centre Pompidou, à Paris, jusqu’au 15 avril 2019, dans le cadre de la 3e édition de la manifestation prospective “Mutations/Créations”, interrogeant les liens entre art, science, ingénierie et innovation. Site internet ici.