#5 – Astronaute fashion, mannequins holographiques, robot débarquant du metaverse, drag queens lumineuses, fée vegan… Que s’est-il passé de neuf en fashion tech cette semaine ? Pour tout savoir, écoutez ce podcast du Boudoir Numérique (ou lisez le résumé ci-dessous).
Par Ludmilla Intravaia
Récapitulons les infos sorties pendant les vacances, à commencer par les fashion weeks. La New York fashion week s’est déroulée du 11 au 16 février. Le week-end du 12 au 13 février, la collection automne 2022 de la marque américaine Maisie Wilen a été dévoilée sur des mannequins holographiques plus grands que nature, en collaboration avec Yahoo (plus d’infos dans cet article du Boudoir Numérique).
Le 14 février, la marque américaine Jonathan Simkhai a complété la présentation physique de sa collection par celle de dix looks digitaux dans le metaverse Second Life (plus d’infos dans cet article du Boudoir Numérique). Deux jours plus tôt, les possesseurs de clés de jade NFT, les Serenity Keys, bénéficiaient d’un accès privilégié au défilé IRL de la marque américaine Kim Shui (je vous en parlais déjà dans mon podcast du 29 janvier dernier, voir ici).
Enfin, jolie collection virtuelle pour la marque américaine Imitation of Christ, du moins pour sa première partie dévoilée, dans une vidéo, le 14 février. La deuxième partie, elle, sera montrée dans le metaverse, sur Decentraland. Je vous explique, dans quelques instants, de quoi il retourne. Pour toutes les images et vidéos de la fashion week New York, rendez-vous sur Le Boudoir Numérique, où j’ai publié un récap de toutes les présentations influencées par la tech (voir ici).
Du côté de la London fashion week, la marque britannique Roksanda a décliné en NFTs un modèle de robe de son défilé physique du 21 février.
En ce qui concerne la semaine de la mode milanaise, on le sait, le designer allemand Philipp Plein ourdit de nombreux plans dans le virtuel (je vous en parlais dans le dernier podcast, avant les vacances, voir ici), notamment pour la relance de Plein Sport. Pas de défilé donc mais l’apparition d’un robot humanoïde, Romeo 0.1 qui a teasé les nouveaux projets résolument tech de la marque de sport dans le metaverse. Avec des NFTs à la clé, évidemment, mis aux enchères, dans la foulée.
Nouvelle plateforme de réalité augmentée pour Bottega Veneta, des accessoires numériques pour la présentation du travail des étudiants en master de l’Institut Français de la Mode, l’IFM - mais là, on est déjà dans la semaine de la mode parisienne de cette semaine, le 28 février - …, on le voit, toujours beaucoup de virtualité dans ces fashion weeks, on va dire traditionnelles, celles qu’on a l’habitude de suivre. Mais il y a eu, et il va y avoir, des événements purement virtuels regroupant des marques, connues ou moins connues.
D’abord, en marge de la New York fashion week, mais sans être sous sa houlette, la Digital Fashion Week New York (DFWNY) s’est déroulée du 10 au 24 février. Les visiteurs se sont connectés sur deux plateformes pour se plonger dans l’expérience immersive de défilés virtuels. La presse a relayé quelques couacs techniques pour accéder aux présentations numériques mais toujours est-il qu’il faudra dorénavant compter avec ce genre d’événements, soit organisés à l’initiative des fashion weeks, soit organisés par des tiers, des plateformes de réalité virtuelle par exemple.
Je pense à Decentraland qui présentera la première fashion week virtuelle, à partir du 24 mars prochain. Le lineup non exhaustif de cette Metaverse Fashion Week a été annoncé à la fin du mois de février. On y retrouvera, à côté de marques strictement virtual natives comme The Fabricant ou Auroboros (plus d’infos dans cet article du Boudoir Numérique), des acteurs du monde de la mode et du luxe classiques, physiques comme Paco Rabanne, Dolce & Gabbana, Etro, Tommy Hilfiger, Cavalli, Elie Saab et Imitation of Christ, dont je viens juste de vous parler pour la New York fashion week, au début de ce podcast. Pendant les quatre jours que durera cet événement, les marques dévoileront sur le runway des collections virtuelles ou des pièces déclinées numériquement d’articles existants. On pourra acheter des vêtements et accessoires digitaux ou physiques dans des boutiques virtuelles, dans le style de l’avenue Montaigne à Paris. Des after-parties pour faire la fête avec tout ce beau monde, derrière son avatar tiré à quatre épingles, sont de plus prévues. Les premières images vues sur Vogue Business ne sont pas très folichonnes, les runways et la zone commerciale ont l’air assez froid et triste mais vous pourrez juger par vous même, puisque c’est ouvert à tous. Ce sera le moment idéal pour sortir son portefeuille de bitcoins, afin d’acheter ses plus beaux atours virtuels.
J’ai commencé ce podcast avec la mode numérique, mais cela ne signifie pas que l’on n’a rien observé d’intéressant, en terme d’inspiration tech, dans les défilés IRL des semaines de la mode. Par exemple, le set du défilé milanais de la marque italienne Moschino répliquait le décor de la chambre à coucher de 2001, l'Odyssée de l'espace.
Le film de SF de 1968 était d’ailleurs également une source d’inspiration pour le catwalk de Prada, utilisé deux fois en fait, pour la collection femme FW 22/23 de la marque italienne, le 24 février et pour l’homme (plus d’infos dans cet article du Boudoir Numérique).
Pour en revenir à Moschino, Jeremy Scott, son directeur artistique, est venu saluer, à la fin du show, dans le célèbre costume d’astronaute rouge, popularisé par le film de Stanley Kubrick.
Chez Dior, à Paris, la directrice artistique des collections femme, Maria Grazia Chiuri, s’est alliée à D-Air lab, un spécialiste des technologies de protection pour la pratique des sports, des airbags notamment. Les innovations de cette startup italienne ont été intégrées à la collection FW 22-23 de Dior. Par exemple, l’iconique veste Bar de l’après-guerre New Look a été revisitée en deux versions, comme indiqué dans le communiqué de D-Air lab : “La première équipée d'airbags qui suivent l'architecture élaborée de la veste ; la seconde reproduisant la technologie de la sous-combinaison du projet Antarctique (de la startup), chauffante, en cas de baisse de la température corporelle.” On a vu, de même, des protections dorsales et des gants faisant écho à l’univers de la moto et au début du défilé, une combinaison noire à tubes photoluminescents qui, il va sans dire, n’est pas passée inaperçue.
Si on cherchait des créations de glam tech bien show-off - mais là on quitte les fashion weeks pour se tourner vers l’art drag - deux designers de fashion tech ont retenu mon attention. Cameron Hughes qui a signé une robe à volants mécaniques pour l’anniversaire, le 12 février, de la drag queen américaine Aquaria.
Ou encore Joshuan Aponte qui travaille beaucoup pour les costumes de Rupaul’s Drag Race. On lui doit le costume lumineux de Mo Heart dans l’épisode 4 de la saison 1 de Rupaul’s Drag Race UK vs The World. La drag queen a défilé sur le runway de l’émission dans une silhouette qui rendait hommage à la façade de néons du casino Flamingo de Las Vegas. C’est aussi l’épisode où Pangina Heals s’est injustement fait éliminer mais bon, c’est une autre histoire et je vais encore m’énerver.
Revenons à la fashion week parisienne avec PETA, cette fois. Le 3 mars, une militante de l’association de défense des animaux, telle une fée de vert parée, a rappelé sur le Champ de Mars que l’avenir de la mode est à base de plantes, ce dont nous sommes fermement convaincus sur Le Boudoir Numérique. Je vous présente souvent des initiatives qui vont dans ce sens. C’est ce que rappelle PETA France, dans son communiqué de presse : “Duvet de fleurs, cuir d’ananas, soie d’orange ou fourrure en maïs – les végétaux prennent les podiums d’assaut, mettant au placard le cuir, l’angora, les plumes, la fourrure animale et les peaux exotiques (…) Les peaux animales n’ont plus leur place dans les défilés, et PETA met ainsi les créateurs au défi de ne présenter que des collections 100 % végétales, pour lesquelles aucun animal n’a perdu la vie.”
Go vegan, donc, avec des initiatives comme les sacs en AppleSkin d’Ashoka Paris, en collaboration avec la star américaine Pamela Anderson. Le dernier sac de cette collection capsule de la marque de maroquinerie française cruelty-free, un grand cabas en alter-cuir de pomme, est sorti le 28 février (plus d’infos dans cet article du Boudoir Numérique). Et la marque de montres hollandaise WoodWatch propose maintenant des bracelets en alter-cuir de cactus Desserto.
Si vous voulez vous familiariser avec toutes ces matières innovantes, vegan et plus durables, je viens de publier sur Le Boudoir Numérique un article qui reprend les prix de la mode vegan, dévoilés par PETA le 25 février (voir ici). De là, il y a un lien vers mon dossier spécial sur la mode et la beauté innovante (le voici également ici), dans lequel vous retrouverez, par exemple, une interview d’Elodie Carpentier, cofondatrice de la marque de beauté orientée tech Le Rouge Français (voir ici).
Cette startup qui tire sa force des vertus des plantes tinctoriales, de la coloration végétale et non pas de l’exploitation des êtres sensibles et de l’environnement, vient juste de sortir - c’est tout chaud, c’était hier - sa première ligne de vernis faisant la part belle aux algues rouges. Bravo à Elodie Carpentier pour ce lancement.
Pour terminer, quelques rendez-vous et dates :
* Jusqu’à ce dimanche 6 mars, les Ethical Fashion Days se déroulent au 360 Paris Music Factory, dans le 18e arrondissement.
* Pareil pour l’exposition Hard Drive de la chantre de l’upcycling, la créatrice de mode Marine Serre. Vous pouvez la visiter, jusqu’à demain, à Lafayette Anticipations, la fondation d’entreprise des Galeries Lafayette, dans le 4e arrondissement de Paris.
* Aujourd’hui s’ouvre l’expo en hommage à Alber Elbaz au Palais Galliera. Vous avez le temps, c’est jusqu’au 10 juillet prochain, dans le 16e.
* Enfin, les Fashion Green Days auront lieu du 6 au 8 avril prochain. La nouvelle édition du forum de la mode circulaire, intitulée Mode & Vivant, prendra place à la mairie de Tourcoing, dans les Hauts-de-France.
Pour terminer, avant de rentrer au boulot, lundi, une lecture indispensable : le deuxième volet du sixième rapport d’évaluation du Giec sur le réchauffement climatique, publié le 28 février. Edifiant, alarmant, à consulter d’urgence pour mieux agir.
Voilà qui termine ce récapitulatif des infos que vous auriez pu rater pendant vos vacances. N’hésitez pas à nous laisser vos commentaires, suggestions, infos et autres coups de cœur.
En attendant, comme le dit Monsieur Spock : live long and prosper.