Le Boudoir Numérique a visité l’usine 4.0 de Lectra à Cestas
Un vêtement sur cinq dans le monde est découpé par Lectra. C’est dire si était séduisante l’invitation de l’entreprise française, à visiter son site historique de Cestas, à quelques kilomètres de Bordeaux, pour une découverte de l’usine de fabrication de ses systèmes de découpe automatique de cuir et textile, dédiés à la mode, l’automobile et l’ameublement. Une usine pas comme les autres. Une usine futuriste, s’appuyant sur le concept de l’industrie 4.0, comme nous l’explique Eric Lespinasse, Directeur industriel chez Lectra.
Par Ludmilla Intravaia
Le Boudoir Numérique : Vous venez de nous faire visiter le site de fabrication des systèmes de découpe automatique de Lectra, une usine intelligente, à l’avant-garde de l’industrie 4.0. C’est quoi, la fabrication industrielle 4.0 ?
Eric Lespinasse, Directeur industriel chez Lectra : Le 4.0, c'est globalement l'idée de mettre en place l’automatisation, la robotisation, la connectivité ou encore le transfert de l'information au profit d'une moindre charge pour l'humain. Pour ce faire, nous avons implémenté plusieurs choses, à commencer, fin 2018, par l’AGV, l’Automated Guided Vehicle, un petit robot connecté qui se déplace, tout seul, et très simplement, entre le magasin et les lignes de montage (voir notre vidéo ci-dessous, NDLR). Les capteurs situés sur la ligne signalent un bac manquant au software de pilotage de l’AGV qui envoie le robot du magasin à la ligne pour le remplacer, ce qui décharge l’humain d’allers et retours pénibles. Depuis 2019, nous utilisons également les QR codes qui permettent d’optimiser les déplacements pour aller chercher les pièces au magasin, en indiquant à quel endroit elles se situent exactement et le chemin le plus court pour y arriver. En faisant moins de pas et moins d’effort, on gagne en efficacité et temps, tout en s’assurant qu’on prend toujours la bonne pièce au bon endroit.
Outre son robot autonome, l’usine Lectra dispose-t-elle d’autres outils fonctionnant sans intervention humaine ?
Certainement. Nous disposons, par exemple, d’une balance qui connaît, en temps réel, le poids des pièces en sa possession et, partant, leurs quantités. A chaque fois qu’un opérateur prélève des pièces, la balance l’enregistre. Tous les quinze jours, la balance calcule la différence de stock et commande, par elle-même, les pièces nécessaires auprès des fournisseurs. Gérer les vis et les petits consommables, c’est aussi rébarbatif qu’indispensable, si on ne le fait pas, on tombe en rupture. L’idée de cette supply chain connectée est de dégager l’humain de ce type de tâches répétitives pour une plus grande autonomie de gestion.
Le distributeur d’outils installé à l’entrée de l’usine s’inscrit-il dans la même volonté d’autonomie des équipes ?
Tout à fait. Autoriser un opérateur à utiliser un outil n’a aucune valeur ajoutée. Avec ce distributeur, il s’identifie avec son badge auprès de la machine qui enregistre qu’il a pris tel ou tel outil. L’avantage est que l’opérateur ne dépend pas de sa hiérarchie pour utiliser des outils, tandis que cette dernière sait quel outil a été prélevé. Les équipes sont ainsi autonomes pour prendre les outils dont elles ont besoin, au moment où elles en ont besoin.
Quelles autres solutions avez-vous déployées dans votre stratégie 4.0 ?
Nous avons implémenté le DDMRP, Demand Driven Material Requirement Planning, à savoir le fait de ne plus gérer les approvisionnements et les achats, selon une méthodologie MRP II, de planning, mais de se baser sur des flux tirés, sur de la consommation réelle. Ce que j'ai consommé hier, je le commande aujourd'hui. Nous avons également mis en place le MES, Manufacturing Execution System qui permet de gagner 5% de tous les temps de fabrication, en automatisant les tâches administratives pour renseigner le système de gestion de production, grâce à la lecture de codes-barres, par exemple. Tout cela fait partie du plan de déploiement du 4.0 entrepris avec mes équipes, depuis 2017.
Vous avez évoqué le rôle joué par la connectivité dans votre usine intelligente. Sans rentrer dans le détail des produits de Lectra, notamment l’offre Fashion On Demand pour la production de mode personnalisée, peut-on dire que les machines de découpe automatique fabriquées à Cestas sont, elles aussi, 4.0 ?
Nos machines sont bardées de capteurs qui permettent aux clients et à nos techniciens de maintenance de connaître directement leur fonctionnement, les vitesses de découpe et de rotation, l’usure des lames et de l’ensemble des consommables, etc., autant de données pour savoir comment les machines sont utilisées, si elles sont bien employées, si telle machine commence à montrer des signes de fatigue et nécessite le remplacement d’une pièce, bref, pour les piloter à distance et prendre des mesures préventive, en anticipant les problèmes techniques. Des machines 4.0, donc, pour prodiguer le meilleur service au client.
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