Le boudoir numérique

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"A court terme, le virtual try-on va devenir une formalité"

Antoine Vu, cofondateur d’Atomic Digital Design, le 13 octobre 2021, à Paris (© Lionel Samain pour le Boudoir Numérique 2021)

3/3 - Dernière partie de l’interview d’Antoine Vu sur Le Boudoir Numérique, l’occasion pour le cofondateur de la start-up Atomic Digital Design de nous en dire plus sur son domaine d’expertise, la réalité augmentée, de même que sur l’évolution de cette technologie dans le futur. 

Par Ludmilla Intravaia 

Dans la deuxième partie de votre interview (lire ici), vous expliquiez qu’en 2018, la start-up Atomic Digital Design s’était spécialisée dans la réalité augmentée. Comment avez-vous construit votre expertise dans ce domaine, certes en plein essor mais encore largement inexploré ? 

Nous avons dû nous adapter. L’équipe d’Atomic Digital Design vient du cinéma d'animation, du jeu vidéo, du web. Il a fallu hybrider toutes ces compétences pour pouvoir développer une expertise propre à la réalité augmentée qui réponde notamment aux nouveaux codes narratifs du storytelling via la caméra du smartphone. Nous avons dû nous former nous-mêmes, de nouveaux métiers étant littéralement nés chez nous, comme réalisateur en réalité augmentée, AR designer, AR programmeur, etc. 

Il n’existe pas de formations pour ces professions ? 

Tous ces métiers, on ne les apprend pas encore à l’école ou alors, c’est très récent. Nous avons dû également comprendre les tenants et les aboutissants techniques de la réalité augmentée, en nous appuyant sur nos relations avec les réseaux sociaux, dont nous utilisons les technologies maison et dont nous sommes très proches. Les plateformes nous tiennent au courant de leurs projets, afin que nous puissions anticiper et définir avec elles les usages de demain. Nous faisons aussi de la veille technologique, puisque nous sommes notamment amenés à travailler avec le hardware de grands fabricants comme Apple. 

J’imagine, en effet, que vous suivez de près l’évolution technologique des smartphones…

Oui. Ainsi, l’année dernière, Apple a doté son iPhone 12 Pro de la technologie Lidar (pour “Light Detection and Ranging”, soit en français “détection et estimation de la distance par la lumière”, NDLR). Ce nouveau type de capteur de profondeur, disposé près des objectifs de l’appareil photo, est capable de comprendre avec précisions les volumes d’une pièce et les rapports des objets entre eux. Il scanne l’environnement pour savoir où se trouvent les murs, le plafond et identifier le positionnement, par exemple d’une table sur le sol, devant un canapé, pour y poser un vase virtuel, avec le bon rapport d’échelle et une perspective correcte. Cette technologie est impressionnante, parce qu’elle renforce le phénomène d’immersion, en ouvrant des horizons inédits pour la réalité augmentée. 

En septembre 2021, vous avez créé une lens AR Snapchat pour essayer virtuellement la basket L001 de la marque française Lacoste. Pour ce faire, vous avez fait appel à votre outil GenARation. De quoi s’agit-il ? 

GenARation est notre service de numérisation d’objets. Il s’agit d’un scan 3D permettant de capter un objet, une sneaker, un flacon de parfum, etc., sous tous les angles, des centaines en fait, à l’aide d’un appareil photo. Une fois les clichés pris, ils sont numérisés par un ordinateur qui recrée virtuellement l’objet. L’élément est enfin introduit dans un environnement réel, auquel il se superpose pour créer une nouvelle image. Outre la basket, je vous donnais l’exemple d’un flacon de parfum car nous avons aussi eu recours à GenARation pour la campagne en réalité augmentée La Vie Est Belle de Lancôme, en octobre dernier. Ce service, lancé il y a un an et demi, offre une qualité de rendu hyper réaliste qui, couplée à notre expertise, permet de retranscrire le message de la marque dans le langage si spécifique de l’AR.

Comment voyez-vous le futur de la réalité augmentée, à commencer par le virtual try-on ? 

A court terme, le virtual try-on va devenir une formalité. Demain, la reproduction virtuelle d’éléments réels sera démocratisée et si répandue que les usages vont évoluer dans la foulée. Nous avons évoqué la réalité mixte (dans la première partie de l’interview, ici, NDLR) et il clair que dans un avenir très proche, potentiellement l'année prochaine, on commencera à voir l'utilisation de la réalité augmentée au travers des lunettes et cela dans un usage quotidien, pas juste expérimental. On a connu les Google Glass, les Spectacles de Snap et d'autres produits vont sortir chez Facebook, Apple et les gros constructeurs. 

Croyez-vous vraiment que ces lunettes de réalité augmentée s’intégreront à notre vie de tous les jours ? 

Tout à fait. Tout l’enjeu sera de créer un appareil assez transparent du point de vue de l’utilisateur, pour que ce dernier ne sente pas le poids de la technologie embarquée et que l’usage du device soit fonctionnel. C’est une question de design et c’est là que nous intervenons, comme un pont entre la technologie et l’utilisateur. Non pas que nous soyons amenés à travailler sur le hardware, ni même sur le software. Mais notre rôle sera de designer la meilleure expérience augmentée possible pour que ce support des lunettes prenne tout son sens. Exactement comme nous le faisons maintenant pour le téléphone, cette extension de notre main. A partir du moment où ces lunettes seront aussi simples à porter que des lunettes de soleil, et qu’elles mettront en œuvre ces technologies permettant de rajouter du contenu virtuel à la vision du réel, la réalité mixte sera là. 

* Lisez la première partie de l’interview d’Antoine Vu sur Le Boudoir Numérique : “La réalité augmentée crée une illusion ancrée dans le réel”.

* Lisez la deuxième partie de l’interview d’Antoine Vu sur Le Boudoir Numérique : “La réalité augmentée transmet un message porteur d’émotion”. 

Antoine Vu, cofondateur d’Atomic Digital Design, le 13 octobre 2021, à Paris (© Lionel Samain pour le Boudoir Numérique 2021)

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