#7 - Fibres de bananier dans les baskets, Mycélium sur les podiums, technologies laser ou d’impression innovante, plus les prochains RV des salons… Que s’est-il passé de neuf en fashion tech cette semaine ? Pour tout savoir, écoutez ce podcast du Boudoir Numérique (ou lisez le résumé ci-dessous).
Par Ludmilla Intravaia
Semaine chargée pour H&M qui a dévoilé deux collections, dans une optique plus durable. La première est une capsule de denim mettant l’accent sur l’économie d’eau, lors de sa fabrication. Dans son communiqué de presse, l’enseigne de fast fashion évoque le recours à des fournisseurs recyclant l’eau de lavage du jean et à des technologies de teinture moins consommatrices en eau. On peut lire, par exemple, dans ce communiqué, qu’H&M a opté pour la technologie laser “utilisée pour les styles imprimés, en remplacement de processus d'impression traditionnels, à forte intensité chimique”.
La seconde collection d’H&M est une capsule pour enfant, fruit de sa collaboration avec l’illustratrice Martcellia Liunic, autour du concept des techniques d'impression innovantes, à impact environnemental moindre. D’après le communiqué de presse de la marque suédoise, “l’une des techniques choisies est l’impression numérique, qui consomme moins d’eau, moins d’énergie et moins de produits chimiques que l’impression traditionnelle”. La marque précise également que “chaque pièce a été fabriquée à partir d’au moins 50 % de matières issues de sources durables, notamment des baskets en Bananatex, un tissu innovant provenant des bananiers”, plus exactement d’une espèce spécifique de bananier, l’abacá, dont on extrait une fibre naturelle très résistante, le chanvre de Manille (plus d’infos dans cet article Boudoir Numérique). Les deux collections sont sorties le 17 mars.
Fibre de bananier, mais aussi pomme, raisin, ananas, cactus…, toutes ces nouvelles matières innovantes pour une mode plus durable, et bien souvent vegan - à l’exception du Bananatex qui, lui, ne l’est pas, car il est enduit de cire d’abeille – sont très stimulantes pour la mode de demain. D’ailleurs, les marques s’en emparent de plus en plus, pour la fabrication de leurs vêtements et accessoires, jusqu’à devenir une source d’inspiration qui fait rêver les créateurs.
Ainsi, le 15 mars, à New York, la directrice artistique de la maison britannique Alexander McQueen, Sarah Burton, a présenté une collection FW 22/23 dédiée au mycélium, les racines de champignons, dont on parle de plus en plus pour ses propriétés éco-responsables et cruelty-free, prometteuses pour l’industrie de la mode. On a notamment vu défiler, entre d’immenses tas de bois évoquant le substrat nutritif dont les champignons ont besoin pour grandir, des pulls et des robes avec de longs fils qui faisaient penser aux filaments souterrains du mycélium. Cela se passait sur la musique de The Cure, sur le titre A Forest, plus précisément. Donc, c’était très raccord avec cette collection intitulée Mycelium. Par contre, contrairement à une Stella McCartney qui a vraiment utilisé la matière mycélium dans sa collection printemps-été 2022 en hommage aux champignons, en octobre dernier - puisqu’elle y a présenté un sac Frayme en Mylo unleather (plus d’infos dans cet article du Boudoir Numérique) -, Sarah Burton, elle, fait la part belle aux matières issues de l’exploitation des animaux, une robe en cuir en ouverture du show, les pulls dont je vous ai parlé sont en mohair, de la soie… Bref, intégrer un accessoire en mycélium, en alternative au cuir d’origine animale, comme l’a fait Stella McCartney, ne fut-ce qu’un prototype en fait, aurait été cohérent, vu le thème du défilé. A cet égard, Le titre de l’article du Monde, compte-rendu du défilé : “Alexander McQueen mise sur le mycélium” était particulièrement décevant.
La semaine s’est terminée, le 18 mars 22, sur la journée mondiale du recyclage, l’occasion de mentionner l’ouverture des trois derniers volets de l’appel à projets “Solutions innovantes pour l’amélioration de la recyclabilité, le recyclage et la réincorporation des matériaux”, destinés à soutenir l’innovation sur l’ensemble de la chaîne du recyclage des papiers cartons, des textiles et des composites. Ces trois volets de l’appel à projets du gouvernement français, ouverts jusqu’au 26 juillet 22, sont opérés par un organisme de l ‘état, l’Ademe, l’Agence de la transition écologique.
Avant de se quitter, quelques dates de salons et événements à suivre, avec des conférences liées à l’innovation et la tech :
* Les 30 et 31 mars 22 aura lieu, au Carreau du temple, à Paris, le salon Made in France, axé sur le futur du fabriqué en France. On y retrouvera plus d’une centaine d’entreprises françaises, de même que les rencontres du made in France. Par exemple, le jeudi, se déroulera le meet-up R3iLab, intitulé “Et si l’Intelligence artificielle changeait la donne ?”, un échange d’expérience sur la manière dont l’IA peut être intégrée dans les processus de production des entreprises du textile et de l’habillement.
* Les 2 et 3 avril 22, le salon VeggieWorld réunira à la Porte de la Villette, à Paris, plus d’une centaine d’exposants en alimentation, beauté, mode, littérature, etc., autour du véganisme. Parmi les conférences prévues, notons celle de PETA France qui aura lieu le premier jour de l’événement, le samedi, sur le thème des produits de beauté, plus exactement des tests pratiqués sur les animaux pour les produits de beauté. Franziska Grein, conseillère en politiques scientifiques de PETA, interviendra sur le sujet de l’”Initiative citoyenne européenne : comment sauver les animaux des tests cosmétiques”. Dans un communiqué de presse de PETA France que j’ai reçu le 10 mars dernier, l’association de défense des animaux explique que “bien que l’Union Européenne ait interdit les tests sur les animaux il y a près de dix ans, des milliers d’animaux continuent d’être utilisés pour tester des ingrédients cosmétiques”, parce qu’”en vertu de règlements européens distincts sur les produits chimiques, les autorités exigent que même les ingrédients commercialisés depuis des années soient testés sur des animaux”. PETA a donc participé à la mise en place d’une Initiative citoyenne européenne appelant la Commission européenne “à protéger et renforcer l’interdiction des tests sur les animaux pour les cosmétiques, à transformer la réglementation européenne sur les produits chimiques et à élaborer un plan concret pour la transition vers une science non animale”. Vous pouvez signer l’Initiative citoyenne européenne sur le site internet de PETA France. L’innovation et la technologie ont un rôle important à jouer pour un avenir sans utilisation des animaux pour les tests cosmétiques, un sujet crucial que j’ai prévu de traiter sur Le Boudoir Numérique avec une représentante de PETA France. Je vous tiens au courant. En attendant, vous pourrez prendre toute la mesure de la nécessité d’une industrie de la beauté cruelty-free avec la conférence de Franziska Grein au VeggieWorld
* du 18 au 24 avril 22 aura lieu la Fashion Revolution Week, la semaine durant laquelle se déroule la campagne annuelle du mouvement Fashion Revolution luttant pour une mode juste et équitable envers les humains et l’environnement. Un cycle de conférences est notamment prévu pendant ces sept jours d’actions autour de l’anniversaire de l’effondrement de l’usine de confection textile Rana Plaza, Le 24 avril 2013, au Bangladesh. Par exemple, le vendredi 23 avril aura lieu la table ronde intitulée “Innovations supporting sustainability in fashion”. Tout le programme des talks est disponible sur le site internet de Fashion Revolution.
Voilà, c’est tout pour cette semaine. On se retrouve la semaine prochaine pour la revue de presse fashion tech du Boudoir Numérique.
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En attendant, comme le dit Monsieur Spock : live long and prosper.