#2 – Costumes lumineux, robes virtuelles, références tech et SF dans les fashion weeks, matières innovantes, vegan et plus durables… Que s’est-il passé de neuf en fashion tech cette semaine ? Pour tout savoir, écoutez ce podcast du Boudoir Numérique (ou lisez le résumé ci-dessous).
Par Ludmilla Intravaia
Dimanche 23, on a appris le décès du couturier français Thierry Mugler, un artiste passé maitre dans l’art de sublimer les corps de manière aussi architecturale que tonitruante, un créateur d’une influence gigantesque sur le monde de la mode et, en particulier, de la fashion tech.
Pas plus tard qu’hier, le 26, je lisais dans le Women's Wear Daily que le styliste de mode technologique américain Asher Levine avait été inspiré par les pièces sculpturales de l’exposition Thierry Mugler Couturissime à Montréal pour concevoir la veste Candy Moto Biker lumineuse portée par Jennie Kim, une des chanteuses du groupe de K-pop Blackpink, dans le nouveau clip de Grimes, Shinigami Eyes. A cette occasion, Asher Levine signe également un bodysuit light-up, imprimé en 3D, pour la chanteuse canadienne (plus d’infos dans cet article du Boudoir Numérique).
Si vous voulez rendre hommage à Thierry Mugler et vous rendre compte du caractère exceptionnel de son oeuvre, rendez-vous à l’expo Couturissime qui se déroule au Musée des arts décoratifs de Paris, jusqu’au 24 avril prochain.
Dans le podcast de la semaine dernière (plus d’infos dans cet article du Boudoir Numérique), je vous avais parlé des fashion weeks masculines, à Milan, puis Paris. La Paris fashion week s’est terminée dimanche 23 pour laisser la place à la haute couture qui s’est clôturée, elle, jeudi 27.
J’adore suivre les défilés à l’affut de références à la technologie et à l’univers geek de la science-fiction, mon dada de toujours. Et force est de constater que dorénavant, ces codes stylistiques sont complètement digérés par la mode qui n’hésite plus à en saupoudrer ses scénographies, ses films et runways à gogo.
Par exemple, à la Paris fashion week masculine, j’ai relevé en vrac : un drone dans le décor de bureau du défilmé de la marque Sulvam, des silhouettes virtuelles marchant toutes seules chez Steven Passaro, un engin spatial orbitant autour de la terre chez Henrik Vibskov, les courbes d’un verre minéral de Vuarnet flottant, dans un paysage grandiose, à la manière du vaisseau des ingénieurs du film Prometheus ou encore une DeLorean, la voiture iconique de Back to the Future, sur laquelle trônaient des mannequins.
Déjà, lors de la Milan fashion week masculine, j’avais remarqué que le défilé Dolce & Gabbana débutait sur un message “Loading” à la Matrix, tandis que le couloir de néons bleus du show Prada rappelait furieusement les décors de 2001, l'Odyssée de l'espace.
Sinon, les défilés de mode virtuelle qui avaient fait flores, pendant le confinement, semblent désormais derrière nous, du moins pour ce début de saison automne-hiver 2022/2023. Je n’en ai repéré aucun, jusqu’à présent, à Paris ou Milan. Je reste à l’affut, les fashion weeks ne faisant, en somme, que commencer.
Si mon premier podcast avait mis en lumière une ribambelle de collaborations NFTs et l’implication grandissante des marques de mode dans la culture numérique, c’est plus calme cette semaine, mis à part, peut-être, la robe virtuelle Nuclear Power de Clara Daguin. On peut essayer gratuitement cette création de la styliste tech française sur l’application de looks digitaux DressX pour se trouver, immédiatement, si belle en ce selfie.
Si on se tourne vers la mode durable, trois annonces cette semaine :
* Samedi 22, Ralph Lauren a dévoilé le fruit de sa collaboration avec la startup américaine de textiles innovants Natural Fiber Welding, à savoir le polo RLX Clarus. “Les fibres Clarus sont développées grâce à une plateforme brevetée innovante qui transforme le coton vierge et recyclé”, peut-on lire dans le communiqué de la marque américaine qui précise : “La matière obtenue présente des qualités similaires à celles des tissus synthétiques à base de plastique, comme le polyester et le nylon, qui utilisent des énergies fossiles dépendant du pétrole.” L’idée, c’est de créer des vêtements en coton qui aient les mêmes performances techniques que le synthétique, en alternative aux matériaux en plastique dont on sait qu’ils sont polluants pour l’environnement. Le lancement de ce polo aura lieu en février prochain.
* Lundi 24, la marque horlogère Zenith a annoncé sa collaboration upcycling avec Nona Source, la plateforme de revente des surplus textiles des maisons du groupe de luxe LVMH. On retrouvera ces tissus excédentaires dans les bracelets de la collection Defy Midnight de Zenith, ce qui permet de faire vivre ces matériaux dormants, dans une optique plus éco-responsable.
* Hier, j’ai reçu un communiqué de presse de Repetto qui revisite sa célèbre ballerine Cendrillon, dans une démarche d’éco-conception. Cette ballerine, baptisée Lili, est composée de coton, de caoutchouc et d’écorce de riz de Camargue et, comme l’explique le CP de la marque française, “revalorise des déchets issus de l’industrie agroalimentaire et participe, ainsi, à réduire l’extraction des ressources”. Repetto communique aussi sur le fait que cette ballerine est vegan, car constituée de matières synthétiques. Elle ne comporte donc pas de matières issues de l’exploitation des animaux, comme le cuir. Cette ballerine vegan sera disponible en février.
Ce qui m’offre une transition toute naturelle vers la mode cruelty free.
Mardi 25, Moncler a annoncé renoncer à la fourrure d’origine animale. La dernière collection de la marque française qui comportera encore de la fourrure sera celle de la saison automne-hiver 2023.
J’ai fait tout récemment l’interview, sur Le Boudoir Numérique, d’Anissa Putois, représentante de l’association de protection des animaux PETA France, dans laquelle elle nous éclaire sur la cruauté liée aux matières d’origine animale dans la mode, de même que sur leur impact négatif sur l’environnement. Je vous invite à la consulter, dans ces trois parties : ici, sur la laine ; ici, sur le cuir et là, sur la fourrure.
En effet, se renseigner sur les matières issues de l’exploitation des animaux s’intègre dans cette démarche éthique visant à changer ses habitudes de consommation pour privilégier des alternatives vegan innovantes, dont je vous parle souvent sur Boudoir Numérique.
A ce propos, la prochaine interview publiée sur Le Boudoir Numérique sera celle d’Achille Gazagnes, le cofondateur de la nouvelle marque française de baskets vegan et plus durables MoEa qui utilise pas moins de cinq alter-cuirs innovants, à base de pomme, maïs, raisin, ananas et cactus.
Terminons, enfin, par une info pratique, à destination des startups : les candidatures au LVMH Innovation Award sont ouvertes, depuis mardi et cela jusqu’au 4 mars prochain. D’après le communiqué de presse du site d’LVMH, où l’on peut s’inscrire, “une attention particulière sera portée aux solutions dans la fashion tech, la beauty tech ou la jewelry tech”. C’est dire si le Boudoir Numérique va suivre ce dossier de près, lors du salon des startups et de la technologie Vivatech que je couvrirai, en juin prochain, à Paris (plus d’infos sur l’édition 2021, ici). C’est là que les startups sélectionnées seront présentées dans le lab LVMH, où la cérémonie de remise de prix aura lieu également.
Voilà, c’est tout pour cette semaine. On se retrouve la semaine prochaine pour la revue de presse fashion tech du Boudoir Numérique. N’hésitez pas à nous laisser vos commentaires, suggestions, infos et autres coups de cœur.
En attendant, comme le dit Monsieur Spock : live long and prosper.