L’appel à l’aide d’Euveka : "Financez-nous, maintenant !"
“Nous allons mourir sauf miracle.” C’est en ces termes que Audrey-Laure Bergenthal, la fondatrice de l’entreprise Euveka commercialisant un robot-mannequin évolutif et connecté, destiné aux professionnels de la mode, s’est adressée, il y a deux jours, à la presse et à sa communauté pour lancer “un SOS auprès de ceux qui voudront bien nous tendre la main”. Andréa Gilet, directrice marketing et communication chez Euveka explique au Boudoir Numérique comment la start-up drômoise, n’arrivant plus à trouver de financement pour continuer ses activités, risque de mettre la clé sous la porte, d’ici au 31 janvier prochain.
Par Ludmilla Intravaia
Le Boudoir Numérique : Il y a deux jours, la fondatrice d’Euveka, Audrey-Laure Bergenthal, a lancé un appel à l’aide, “le cri d'alerte d'une entrepreneure de la French Tech au bord de la liquidation judiciaire”, pouvait-on lire dans le communiqué de presse de votre start-up. Que se passe passe-t-il ?
Andréa Gilet, directrice marketing et communication chez Euveka : Nous n’arrivons plus à trouver de financement pour continuer nos activités. Nous avions l’appui d’un investisseur leader qui, la semaine dernière, est revenu à la baisse sur son engagement, ce qui a eu un effet boule de neige sur les autres fonds d’investissement. Du coup, eux aussi, se sont montrés frileux à investir. Le 31 janvier, nous n’aurons plus de trésorerie pour payer les 33 salariés d’Euveka qui perdront leurs emplois. Nous devons trouver rapidement 2 millions d’euros et, d’ici la fin du mois de janvier, 300.000 euros, pour payer les salariés. Audrey-Laure Bergenthal passe ses journées à rencontrer des fonds d’investissement, elle négocie avec les banques mais pour l'instant, nous n’avons pas encore trouvé de solution. C’est très frustrant car tous nos indicateurs sont au vert, dans des secteurs innovants tels que la French Tech, la fashion tech.
Que voulez-vous dire par là ?
Nous sommes frustrés, parce que nous avons conçu un produit made in France révolutionnaire, doté d’un réel potentiel de rupture pour répondre aux enjeux de l’industrie textile. Notre mannequin-robot fonctionne, c’est un produit qui marche, dont les clients sont de grandes marques. Nous générons du chiffre d’affaires, nous avons cumulé 2 millions d’euros en 2 ans, nous avons remporté de nombreux prix, dont le CES 2018 et pourtant, nous n’arrivons pas à lever de fonds pour nourrir notre croissance. A côté de ça, des startups sans chiffre d’affaires, souvent des applications mobiles, arrivent à lever des dizaines de millions d’euros, en un claquement de doigts, alors qu’elles n’ont pas besoin d’autant d’argent pour développer leurs solutions. Nous, on crée un produit hardware de haute technologie, de toutes pièces, avec des prototypes, pas seulement sur un ordinateur, ce qui prend du temps et coûte de l’argent.
Quel est le problème, d’après vous ?
L’industrie fait peur aux investisseurs. C’est trop lent, trop cher. Ils préfèrent investir dans des solutions software que hardware comme nous. Il y a un vrai problème de financement en France. Nous manquons de fonds de grande taille, adaptés à des startups industrielles qui nécessitent une vision au long terme. Or, nous, nous voulons grandir en France, en privilégiant des investisseurs nationaux, même si maintenant nous cherchons également à l’international. Nous voulons conserver notre savoir-faire en France, d’autant plus qu’en cas d’échec, nous savons pertinemment que, d’une manière ou d’une autre, notre idée de mannequin-robot sera reprise à l’étranger.
Quel est l’état d’esprit de vos salariés pour l’instant ?
C’est dur pour le moral évidemment, c’est compliqué, d’autant plus qu’on se remet en cause, on se demande ce qu’on a mal fait. La taille de nos équipes nous permet de tous nous connaître et de pouvoir échanger ensemble. Nous sommes très soudés et on se serre les coudes. On essaie d’y croire. Notre service RH fait régulièrement des points pour expliquer, pour communiquer sur ce qui se passe. On aimerait pouvoir donner une bonne nouvelle à nos salariés.
Si vous deviez lancer un dernier appel, par le biais du Boudoir Numérique, que diriez-vous ?
Si vous êtes un fond d’investissement, contactez-nous. Aujourd'hui, la situation est critique. C'est notre dernier recours de faire appel à tout le monde. Tout ce dont nous avons besoin, c’est d’un financement pour continuer l’aventure. Financez-nous, maintenant !
* Le site internet d’Euveka est ici.
* Pour en savoir plus sur Euveka, lisez cet article du Boudoir Numérique : “Notre mannequin-robot réduit le gaspillage textile”.