"Investir dans le diamant de laboratoire français"
A l’occasion de l’annonce, en début de semaine, par le joaillier Courbet d’une levée de fonds de plus de 8 millions d’euros, Le Boudoir Numérique s’est entretenu avec son co-fondateur, Manuel Mallen sur les futurs plans de développement de sa marque, en France et à l’étranger, de même que sur son “rôle de pionnier dans la joaillerie écologique et technologique”.
Par Ludmilla Intravaia
Le Boudoir Numérique : Vous venez d’annoncer une levée de fonds de plus de 8 millions d’euros, destinés à accélérer le développement de votre entreprise de joaillerie écologique. Que vont vous permettre ces fonds ?
Manuel Mallen, co-fondateur de Courbet : En premier lieu, nous allons investir dans du diamant français. Aujourd'hui, le diamant de laboratoire est produit notamment aux Etats-Unis et en Russie mais pas en France. Nous voulons créer une manufacture de diamants dans notre pays et ainsi disposer d’une joaillerie 100% française, forte de sa production et de ses artisans locaux. Nous travaillons avec Diam Concept, laboratoire français expérimental, fondé par la chercheuse Alix Gicquel, qui nous a déjà fourni quelque quatorze diamants. Mais Courbet a besoin de milliers de diamants. Diam Concept va bientôt lancer une levée de fonds, à laquelle nous allons participer, afin d’augmenter la production de diamants français, tant en qualité qu’en quantité. Nous travaillons place Vendôme, à Paris, en n’utilisant que le très, très beau diamant, en termes de couleurs et de pureté. Certaines personnes pensent que la production de diamant en laboratoire est très facile, que ses résultats sont toujours identiques, bref qu’elle relève d’un simple mécanisme de reproduction, comme du clonage, en quelque sorte. Mais c'est très compliqué de faire du très, très beau diamant. Il faut donc se donner les moyens d’aller plus loin, en investissant dans la recherche et la production de ce diamant français. La deuxième chose que nous allons faire, c'est nous développer à l'étranger et nous y faire connaître, notamment sur le marché chinois, un marché extrêmement digital, souvent sous-estimé mais où l’écologie est un vrai sujet. Nous avons la chance de compter parmi nos investisseurs l’agence de communication digitale chinoise Hylink qui nous accompagne sur ce marché spécifique.
Dans votre communiqué d’annonce de levée de fonds, vous affirmez votre volonté de continuer à assumer votre “rôle de pionnier dans la joaillerie écologique et technologique”. En quoi consiste ce rôle et comment allez-vous le faire évoluer ?
Ce qui nous a permis de créer Courbet, il y a deux ans, c'est la technologie, la tech pour produire des diamants de laboratoire, la tech pour récupérer l'or sur les composants électroniques, les cartes graphiques et les ordinateurs, la tech pour avoir un site internet performant. La technologie est extrêmement présente, depuis le début chez Courbet, nous l’utilisons tous les jours. Ce qui est stimulant, c’est que cet or issu d’un recyclage extrêmement complexe, ce diamant de laboratoire, fruit des recherches du CNRS (Centre national de la recherche scientifique, NDLR) atterrissent dans l’atelier d’artisans qui, depuis des générations, cultivent leur art de la même façon, dans le respect des traditions. Notre pari a été de réunir le luxe, l’écologie et le digital, la technologie nous ayant permis d’obtenir ce diamant exactement identique au diamant de mine. Très souvent, quand une marque veut être écologique, elle est obligée de faire des concessions sur l'esthétique du produit ou sur la qualité des matières. Nous, grâce à la technologie, nous ne faisons aucun compromis de la sorte. Et nous travaillons en permanence sur de nouvelles solutions technologiques comme l’essayage des bijoux par réalité virtuelle, par exemple pour pouvoir positionner une bague sur sa main, par le biais de son téléphone et la voir bouger de manière réaliste, comme si on la portait vraiment au doigt ou les bijoux imprimés en 3D pour que les clients qui veulent du sur-mesure puissent évaluer leurs volumes, en les testant en showroom. Nous allons également intégrer un module de personnalisation sur notre site internet pour que le client puisse créer ses bijoux à sa guise, sur le web.
Et en termes d’écologie ?
Depuis le début, nous travaillons avec des diamants de laboratoire, beaucoup moins polluants que les diamants de mine (plus d’infos dans cet article du Boudoir Numérique “Les avancées technologiques au service d’une joaillerie écologique”, NDLR). Nous veillons à ce que l’énergie que nous utilisons soit propre, verte et renouvelable. Nos diamants russes sont produits avec de l’énergie hydroélectrique, ceux en provenance des Etats-Unis, avec du solaire. Ce n’est pas encore parfait car les énergies fossiles ou nucléaires ne sont pas encore totalement exclues de notre circuit mais nous tâchons de nous améliorer au maximum pour qu’à l’avenir toute notre énergie soit propre. Ce sera le cas de notre manufacture notamment. Dans cette quête, chaque détail compte. Prenons le cas de nos écrins à bijoux. Pour l’instant, ils sont fabriqués avec du cuir recyclé par un atelier récupérant les chutes de cette matière qui, malaxées, sont réutilisées. Mais nous envisageons d’autres alternatives innovantes, comme le cuir de cactus, par exemple. Nous réfléchissons d’ailleurs également à la seconde vie de l’écrin qui généralement est mis de côté, après avoir accueilli le bijou. La boîte ne pourrait-elle pas être réutilisée ? Il faut aussi tirer parti d’internet qui, certes est polluant mais offre des solutions simples à mettre en oeuvre au quotidien. Ainsi, depuis deux ans, nous offrons la possibilité à nos clients de faire des rendez-vous par Skype ou FaceTime, pratique au départ balbutiante qui s’est généralisée auprès du grand public, depuis la crise du Coronavirus. Quand on habite Lyon, Bordeaux ou Toulouse, faire une visite de notre showroom par visioconférence, par exemple pour un premier rendez-vous, permet d’économiser un voyage. Ce système remporte un franc succès chez nous, nous en sommes très satisfaits.
Comment voyez-vous le futur de votre entreprise ?
Pour le moment, nous sommes les seuls au monde à proposer de la joaillerie écologique, sur le haut de gamme. Mais bientôt d’autres nous suivront, c’est le sens de l’histoire et il nous faudra garder notre longueur d’avance, ce en quoi la technologie va nous aider. Mais nous devons avant tout continuer à créer de beaux bijoux, car lorsque l’on achète une bague, par exemple, la première chose qui compte est l’esthétique. Réunir le beau et le bien, voilà ce qui nous anime. Jusqu’à présent, cette démarche a su séduire notre clientèle et nous comptons bien confirmer ce succès de manière pérenne.
* Les créations de Courbet sont disponibles dans le showroom du joaillier au 7 place Vendôme, 75001 Paris (sur rendez-vous), dans la boutique dédiée du grand magasin Printemps Haussmann, dans le 9e arrondissement de la capitale et sur le site internet de Courbet, à découvrir ici. Le site internet de Diam Concept est ici.
* Poursuivez votre lecture sur Courbet avec cette première interview du Boudoir Numérique : “Les avancées technologiques au service d’une joaillerie écologique”.